« C’est officiel, nous sommes opérationnels et prêts à fonctionner ». Dave Drelin, fondateur de Yana Wassaï, a inauguré ce jeudi matin l’usine au sein de laquelle le wassaï de Guyane pourra être transformé et valorisé.
Après huit années de labeur, Dave Drelin, fondateur de Yana Wassaï, inaugurait ce jeudi 22 septembre son usine de transformation du wassaï à Quesnel-Ouest.
À terme, l’objectif est de transformer et de valoriser la matière première en une pulpe fraîche ou surgelée, mais aussi en jus ou encore en huiles essentielles. Un projet d’envergure, qui suscite l’intérêt de plusieurs prospects et qui permet déjà à l’ex-gendarme mobile issu d’une famille d’agriculteurs de travailler aux côtés de sept collaborateurs . L’entreprise souhaite maintenant embaucher plus. Une quarantaine d’emplois sont annoncés sur site, entre 200 et 400 de manière induite, avec le développement d’une filière endogène largement tournée vers l’exportation.
« C’est officiel, nous sommes opérationnels et prêts à fonctionner. Bien sûr, on va dépendre de la saisonnalité des fruits. » nous explique Dave Drelin. Rassemblés au sein de la coopérative Bio Savane, une centaine d’agriculteurs sont déjà prêts à approvisionner la grosse machine, un entrepôt, qui fonctionne avec des énergies renouvelables et selon une démarche « zéro déchet ».
De la place pour les agriculteurs
D’après les premières prévisions du groupe, l’usine ne pourra tourner à « plein pot » que dans 5 ou 6 ans , une fois que la production arrivant sur place sera équivalente à la capacité de transformation. « Nous sommes ouverts à tout type de partenariat, notamment sur la partie agricole » souligne le PDG de Yana Wassaï devant un parterre d’élus et de partenaires.
Un appel du pied, car la partie production n’est pas encore « sécurisée ». L’entreprise a acheté près de 200 hectares répartis entre Régina, Montsinéry-Tonnégrande et Sinnamary afin d’assurer l’approvisionnement en wassaï . Du foncier en partie mis à disposition par Patrick Labranche, membre fondateur de l’entreprise et agriculteur de renom en Guyane.
« C’est bien pour nous, producteurs, car ça va nous permettre d’investir et de planter sur nos parcelles . » souligne Jean-Yves Tarcy, vice-président de la chambre d’agriculture et président du Groupement Régional des Agriculteurs de Guyane (GRAGE). Le 3e adjoint au maire de Monstinéry-Tonnégrande explique, lui aussi, qu’ « il y a de la place » pour les agriculteurs volontaires. Et de contextualiser : « il y a un marché sur le wassaï, mais on ne part pas en se disant qu’on va concurrencer le Brésil, qui reste quand même un très gros producteur avec de l’expérience. » Depuis plusieurs semaines, la chambre d’agriculture multiplie les réunions d’échange avec les agriculteurs qui souhaitent prendre part à cette activité.
Jean-Yves Tarcy, président du GRAGE et vice-président de la Chambre d’agriculture
8 millions d’euros
Une culture entièrement biologique, qui nécessite peu d’entretien. De quoi faire rêver les agriculteurs en devenir du lycée agricole de Matiti. L’établissement a signé une convention de partenariat avec Yana Wassaï l’an passé. « On a ce qu’il faut, il faut simplement qu’on se mette ensemble pour faire avancer les choses. » estime la première magistrate d’Iracoubo Céline Régis, qui est aussi membre du conseil d’administration du lycée agricole.
Patrick Labeau, président de ce même conseil d’administration et 1er adjoint au maire de Montsinéry-Tonnégrande annonce tout de go que la municipalité compte bien ouvrir d’autres zones agricoles afin d’augmenter la production en wassaï.
Voisine du futur site d’AmazoneActiv Valley , mais aussi d’une usine à biomasse et d’une prochaine station-service en bordure de la RD5, l’usine de Yana Wassaï est la plus grande jamais mise sur pied dans le domaine de la valorisation des bio ressources Guyanaises. Moyennant un investissement de près de 8 millions d’euros , sa construction a nécessité un appui soutenu de plusieurs partenaires financiers, présents ce jour à l’inauguration. La CTG, sur fonds européens, a mis la main à la pâte à hauteur de 2 millions d’euros . Une partie du reste de l’addition a été payée par le Crédit Agricole, le CNES, l’Agence française de développement ou encore la Banque des Territoires.
90 % de la production de l’entreprise est destinée à l’export. La CTG, par la voix de son conseiller territorial délégué à la fiscalité et à la performance budgétaire, promet d’offrir un cadre fiscal favorable à la production locale. Le CNES, de son côté, espère ironiquement que les nutriments issus du Wassaï pourront un jour atterrir dans la nourriture des spationautes.