L’ex-judoka, Séphora Corcher, 25 ans, est devenue championne d’Europe de sambo le 18 septembre dernier, en Serbie. La jeune femme s’est livrée à Mo News sur son parcours, ses motivations et son mental d’acier.
Le sambo, c’est quoi ?
C’est un art martial qui voit le jour en ex-URSS, dans les années 1930. C’est un mélange de plusieurs sports de combat : judo, lutte, grappling, percussions et autodéfense. Cet art martial né dans les tranchées lors de la Première guerre mondiale se base est l’auto-défense, sans arme.
Tout d’abord, revenons sur ton parcours.
J’ai commencé par le judo, à l’âge de 6 ans. C’était une activité extra-scolaire dans l’école et j’ai vite accroché. Ma mère « s’est sentie contrainte » de m’y inscrire. Puis à 14 ans, j’ai quitté la Guyane pour intégrer un sport-étude. Je suis passée par Rennes, puis le Pôle France d’Orléans et j’ai intégré l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), pendant quelques années. J’ai décroché des médailles internationales, j’ai fini 3e aux Championnats d’Europe puis aux Championnats du Monde Juniors. J’ai gagné certains tournois en Junior et je me suis mise au sambo.
Comment tu t’es retrouvée championne d’Europe de sambo ?
J’ai commencé le sambo il y a un an et demi. Il y a eu la pandémie de Covid-19 et n’étant pas en lice pour les Jeux olympiques de Tokyo, il y a des athlètes qui ne pouvaient pas partir à l’international. Ce qui fait que j’ai eu un manque de sensations, je ne trouvais plus de sens à l’entraînement. Alors mon coach m’a proposé de découvrir le sambo pour diversifier et s’entrainer autrement. J’ai complètement accroché.
J’ai fait des premières compétitions, le Challenge national de sambo, que j’ai gagné, et le Grand prix de Paris, que j’ai aussi gagné. Suite à cela, j’ai été sélectionnée pour les Championnats d’Europe et du coup, je les ai gagnés.
Bientôt le sambo aux Jeux olympiques ?
Le sambo a eu la reconnaissance du CIO (Comité international olympique), donc pour l’instant, il n’est pas à Paris 2024 parce que les sports sont déjà actés, mais potentiellement, il y aura le sambo en démonstration, en 2028. Si ça passe, ça serait permanent pour 2032. D’ici là, on ne sait pas comment ça se déroulera. Mais moi, dans tous les cas, si je ne peux pas participer aux Jeux olympiques , je sais que je peux faire les Championnats d’Europe, du Monde… et c’est déjà pas mal !
Prête pour les Championnats du monde alors ?
Oui ! Là, j’ai battu la quadruple championne du monde en demi-finale, alors je sais que tout est possible !
Actuellement, tu es en formation, comment tu réussis à allier sport et école ?
À l’école, on a 8 heures de sport minimum dans la semaine et en terme d’entraînement spécifique judo-sambo, 7 h 30. Et parfois, je vais une heure à la salle, pour garder une condition physique.
En toute honnêteté, parfois, je suis très fatiguée… Donc j’organise ma semaine en fonction de ma charge d’entraînement à l’école. Si j’ai sport 2 heures avant l’entraînement spécifique judo-sambo, je fais en sorte de tout donner à l’école pour pouvoir me reposer. Et quand je dois préparer des championnats, j’essaye de ne pas écouter ma fatigue. Je me force à avoir une discipline. Il n’y a pas de secret, il faut s’entraîner pour pouvoir performer.
Que dirais-tu pour encourager nos jeunes sportifs guyanais ?
Je dirais qu’il faut toujours croire en ses rêves, se donner les moyens pour… Et même si on n’y arrive pas forcément, il faut toujours redoubler d’effort, car dans tous les cas, on en ressort toujours grandi. C’est un petit peu ça, ma philosophie.
Séphora Corcher au Championnat d’Europe de sambo.
Pour rappel, Séphora Corcher vient d’être sacrée Championne d’Europe de sambo dans la catégorie des séniors de moins de 50 kilos. La compétition s’est déroulée du 15 au 18 septembre 2022, à Novi Sad en Serbie. Après avoir battu en demi-finale la combattante russe 4 fois Championne du Monde.
Rendez-vous pour les Championnats du Monde, du 10 au 14 novembre prochain, à Bishkek au Kirghizistan.