Les avocats de Sylvain Kereneur, le trentenaire mis en examen et placé en détention provisoire en juin 2021 pour le meurtre de Karina Gama de Souza, ont plaidé hier (mardi 13 septembre), devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel, une requalification des faits en « violences ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner ».
Le 15 mai 2020, Karina Antunes Gama de Souza, une ressortissante brésilienne de 23 ans, est retrouvée sans vie sur les berges d’une crique à Cacao. Arrêté un an plus tard à Antibes (Côtes d’Azur), Sylvain Kereneur, son concubin à l’époque des faits, avoue être l’auteur des faits avant d’être placé en détention provisoire pour homicide.
L’affaire enregistre plusieurs rebondissements et entraîne la réouverture du dossier du meurtre de Camilia Marques Pereira, commis en 2006, pour « existence de charges nouvelles ». Un deuxième féminicide dans lequel Sylvain Kereneur avait bénéficié d’un non-lieu en 2015.
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L’ordonnance de mise en accusation de Sylvain Kereneur devant la Cour d’Assises dans l’affaire Karina est sortie le 29 juillet. Pour la défense du trentenaire, au stade de l’information judiciaire, « rien n’a permis d’établir avec un degré de certitude suffisant que l’intention d’homicide ait pu être corroborée par un mobile ». Autrement dit, le renvoi de Sylvain Kereneur devant la juridiction est contesté pour son incrimination.
Décision le 4 octobre
« Il y a une distorsion entre ce qu’il a voulu faire et ce qu’il a fait. » estime Me Boris Chong-Sit, qui a plaidé hier devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel, aux côtés de Me Archibald Celeyron (du cabinet Vey, dirigé par Eric Dupont-Moretti avant qu’il ne soit nommé Garde des Sceaux).
« Ce que M. Kereneur a toujours dit, c’est qu’il a voulu empêcher la victime de crier en lui posant la main sur la bouche. Elle lui faisait dos puisqu’il avait plaqué son dos sur son buste. Il s’est avéré qu’il a obturé la bouche et le nez, ce qui a causé le décès. » détaille Me Boris-Chong Sit.
Les avocats du trentenaire ont interjeté appel de l’ordonnance de mise en accusation le 4 août. Le 4 octobre, la chambre de l’instruction décidera s’il y a lieu de requalifier les faits reprochés à Sylvain Kereneur. Ce dernier encourt une peine de réclusion criminelle*.
Pour appuyer leur plaidoirie, qui a eu lieu à huis clos ce mardi 13 septembre, les deux robes noires ont présenté aux juges un avis médico-légal produit par un expert agréé auprès de la cour d’appel de Paris. « Le temps qu’il a volontairement laissé passer pour obturer la bouche de la victime était pour lui indifférent parce que son objectif n’était pas d’obtenir l’asphyxie. » poursuit Me Boris Chong-Sit.
La défense de Sylvain Kereneur rappelle que si les faits sont qualifiés en « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », cela n’empêchera pas la cour d’assises, après l’oralité des débats, de les requalifier en meurtre.
*Pour la première qualification, l’accusé encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle (circonstance aggravante de concubinage), la perpétuité pour la seconde.