Au terme d’un blocage mis en place aux aurores sur la RN1 au niveau du rond-point d’Iracoubo, le collectif « Sécurité Iracoubo » a obtenu de premiers éléments de réponse. Il y est principalement question de lutte contre l’insécurité et de réfection de l’éclairage public.
Mobilisé depuis 5 h 30 sur un barrage qui aura bloqué la circulation sur la RN1 pendant toute la matinée, le collectif « Sécurité Iracoubo » obtient gain de cause sur plusieurs points du cahier de revendications qui a motivé le blocage. Pour décanter la situation, les participants espéraient une réponse directe et sans équivoque, essentiellement de la part des services de l’État. C’est en partie chose faite en ce qui concerne les travaux d’ordre publics.
En début d’après-midi, dans l’hôtel de ville de la commune, trois représentants du collectif citoyens ont rencontré le député de la seconde circonscription Davy Rimane, un représentant de la compagnie de gendarmerie de Kourou, ou encore l’édile d’Iracoubo Céline Régis.
Mathieu Gatineau, secrétaire général de la préfecture, a suivi les échanges au téléphone. Notons que le maire de Mana Albéric Benth et le 1er adjoint au maire de Sinnamary Christian Clet étaient également présents.
40 000 euros pour l’éclairage
« Ce qui a été retenu dans le cahier de revendication, c’est l’éclairage public et la réfection des coffrets détériorés. La préfecture prend en charge les travaux. » souligne Céline Régis. Le montant de la réfection est évalué à 40 000 euros selon les premières estimations fournies par la municipalité. Dans le détail, il s’agira de renforcer les coffrets électriques, remplacer les candélabres les plus anciens et implanter des lampadaires solaires dans les encarts. Des travaux qui seront entièrement pris en charge par les services de l’Etat, explique la mairesse. Le sujet en englobe un autre, puisque comme dans bien d’autres communes du territoire, remettre en fonction l’éclairage public rime avec la lutte contre l’insécurité, leitmotiv principal du blocage du jour.
Depuis octobre 2021, 6 vols à main armée ont été recensés dans des domiciles des hameaux d’Iracoubo, d’après la gendarmerie. Sur la seule piste de Roucoucoua, ce sont 5 habitations d’agriculteurs Hmongs qui ont fait les frais de vols à main armée. « Il faut vivre à Iracoubo pour comprendre ce que vivent les habitants. Je rappelle qu’Iracoubo c’est de Trou-Poisson à Organabo, soit 45 km de long pour 8 ou 9 grands hameaux. Les gens subissent de l’insécurité sur tout le territoire. » poursuit Céline Régis, expliquant également que ce sont les mêmes bandes armées qui sévissent fréquemment à Mana et à Iracoubo.
« Il y a aussi des tentatives d’intrusion, renchérit Sergine Nasja, membre du collectif. On se donne des infos entre voisins, d’autres habitants donnent les plaques d’immatriculation des véhicules suspects à la gendarmerie. Nous sommes aux aguets. On n’a plus cette tranquillité qu’on avait avant. »
« Il ne faut pas laisser la mayonnaise prendre »
Un climat pesant qui laisse des traces indélébiles pour certains habitants. Et qui ravive des questions déjà étudiées en détails dans les Accords de Guyane de 2017.
« Il ne faut pas laisser la mayonnaise prendre. Ce qui avait été convenu, acté et signé dans les Accords de Guyane, c’est que la brigade de gendarmes mobiles soit basée à Iracoubo, mais qu’ils puissent travailler en mobilité, pas sur un poste fixe. » fait valoir un autre représentant du collectif.
Au cours du dernier mois, l’arrivée de renforts à la gendarmerie de Kourou a permis d’affecter deux gendarmes supplémentaires à Iracoubo, commune qui compte désormais 10 miliaires dans sa brigade. Dans le cadre de l’appel à projet du Fonds Interministériel de la Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (FIDPR), à paraître en janvier 2023, il est aussi question d’un projet de vidéoprotection pour la commune, qui a intégré l’an passé le Dispositif d’accompagnement pour des communes d’Outre-Mer en difficultés financières (COROM). Une étude de faisabilité sera réalisée d’ici là.
Depuis septembre, un officier prévention et partenariat oriente la municipalité dans son projet de création d’un service de police municipale. Problème principal : il est difficile de recruter localement des agents prêts à prendre fonction dans la commune. Le comité de suivi étudiera probablement cette question dans deux jours, le 14 septembre, pour la première réunion bimensuelle qui donnera suite au mouvement du jour. De leur côté, les membres du collectif réclament aussi des patrouilles sur le fleuve et en mer, ainsi qu’un recrutement de gendarmes réservistes en renfort pour la brigade d’Iracoubo.