Au lendemain du meurtre sordide de Pan Dongping, 60 ans, propriétaire d’un « 8 à Huit » sur la route de Remire, les représentants du monde économique et associatif réclament des moyens supplémentaires face à l’insécurité galopante en Guyane.
Pas un jour de répit. Depuis de longs mois, l’insécurité secoue chaque jour la Guyane. Meurtres, vols à main armée, séquestrations… Les zones urbaines du littoral ont connu entre Juillet et Août un nombre important d’homicides (on en compte 28 depuis le début de l’année, selon les dernières données actualisées).
D’après le service statistique ministériel de la sécurité intérieure, le taux d’homicides en Guyane entre 2016 et 2021 est de 11,2 pour 100 000 habitants. Surplombant largement la moyenne nationale de 1,2 pour 100 000 habitants.
« Nous sommes aujourd’hui dans une situation d’insécurité, ce n’est plus un sentiment. » a souligné Claude Plenét, avocat et maire de Remire-Montjoly, juste avant de prendre part à une réunion de crise en mairie ce mardi 30 août.
Unanimement, les socioprofessionnels et le corps politique ont réagi au lendemain du meurtre du propriétaire du « 8 à Huit » de la route de Remire. Pan Dongping, 60 ans, était un chef d’entreprise bien inséré, aussi père de 3 enfants.
« L’État qui semble être sourd et aveugle »
Dès 10 h 30, des représentants du monde économique et associatif se sont réunis à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Guyane (CCIG). Au sortir, Yvane Goua et Olivier Goudet nous ont rappelé que les mouvements sociaux de 2017 sont aujourd’hui sur toutes les lèvres. Pour les accords de Guyane qui en ont découlé, mais aussi pour le contexte qui les a précédées. Selon la porte-parole de Trop Violans, « cette augmentation de l’insécurité existe depuis 2021. » Et d’ajouter : « on commence à grossir les rangs, ça nous rappelle 2017. Jusqu’à ce que l’État qui semble être sourd et aveugle face à ce qui est en train de se passer sur le territoire soit obligé de réagir. »
Ce vendredi 2 septembre, l’association appelle à la mobilisation. Une marche contre l’insécurité s’élancera de la caserne des pompiers de Cayenne en direction de la préfecture de Guyane.
Des marches, mais à quelles fins ? « On a déjà fait une marche samedi suite au meurtre crapuleux d’un chef d’entreprise [Andy Ramkaran, ndlr]. » rappelle Yvane Goua, glissant au passage : « pourquoi en 2017 on a pu obtenir les accords de Guyane ? Parce qu’on s’est mobilisé. »
Assises de la Sécurité
Dans la soirée du 29 août, peu avant le meurtre du propriétaire de la Supérette 138 ou « 8 à Huit » sur la route de Remire-Montjoly, le président de la CTG Gabriel Serville s’est octroyé l’organisation d’Assises de la Sécurité « courant septembre ». De son côté, l’association invite tous les élus à une réunion le 14 septembre portant sur le suivi des accords de Guyane. « On demande à voir, demain, l’escadron demandé dans les accords de Guyane, les patrouilles nocturnes aussi demandées, les formations locales de force de l’ordre qui connaitront mieux notre réalité… » liste Yvane Goua.
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Une réponse tacite aux déclarations du préfet de Guyane Thierry Queffelec, la veille, sur les lieux du crime : « j’ai demandé au général [au nouveau commandant de la gendarmerie de Guyane] de faire revenir plus d’un demi escadron de gendarmes afin de contrôler cette zone [le littoral], qui est une zone relativement calme. On a beau le dire ce soir avec un meurtre auquel on a assisté, cette zone est relativement tranquille » a soutenu le représentant de l’État.
Une bascule pour les effectifs des forces de l’ordre qui questionne et qui souligne pour d’autres le caractère urgent de l’arrivée de renforts en Guyane. Dans un communiqué, le sénateur de Guyane Georges Patient bat le rappel : « fin juin, j’avais écrit à la Première ministre, l’appelant à prendre des mesures fortes pour lutter contre la violence en Guyane, en commençant par envoyer des renforts en forces de l’ordre. Un courrier resté jusqu’à présent sans réponse ».
« Tout le monde est remonté »
Touchés une nouvelle fois dans leur chair par un fléau qui paraît inexorable, des socioprofessionnels ont témoigné en exclusivité sur Mo News à l’issue de la réunion du jour, juste après l’interview de Trop Violans.
« Nous travaillons avec la CCIG et les associations, on aimerait que des mesures d’urgence soient prises rapidement pour rassurer tout le monde. Il faut recommencer à travailler sur les pistes proposées, qu’il y ait un réel suivi et que tout le monde y participe. » propose Joseph Tien Liong, 3e vice-président de la CCIG. Rejoint de près par Joseph Hô, propriétaire d’un libre-service et élu à la chambre de commerce : « on est touché gravement, tout le monde est remonté ».
Réceptacle des problématiques sécuritaires relatives aux « petits » commerces en Guyane, la CCIG entend bien faire remonter les sujets abordés ce jour jusqu’à la préfecture, au cours de prochaines réunions, nous a annoncé sa présidente. Les représentants des « commerces moins de 10 [salariés]» ont notamment appuyé la requête d’un accompagnement par les forces de l’ordre à l’approche des horaires de fermeture. Autrement dit, plus de patrouilles aux abords des commerces une fois la nuit tombée. Francoise Gimel, présidente de l’association des commerçants de l’Île-de-Cayenne, était également présente au cours de ce moment d’échanges.
Ce mercredi 31 août, avenue Mandela à Cayenne, les deux députés de Guyane tiendront une conférence de presse à 8 h au sujet de l’insécurité, à suivre sur www.monewsguyane.com et sur nos réseaux sociaux.
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