Simeon Fraser pratique le powerlifting , sport de force, dont le but est de soulever les charges les plus lourdes possibles sur trois mouvements de base de la musculation : squat, soulever de terre et développer couché . Champion de France et champion d’Europe, il a accepté de se confier sur son parcours avec Mo News. Entretien .
Quel est ton parcours ?
Je viens de la cité Anatole, ça fait près de 10 ans que je fais de la musculation. J’ai commencé en loisir, comme dans les cités c’est accessible, il y a toujours une salle de quartier qui permet à tout jeune de pousser, de prendre de la force. Et petit à petit, ça devient une espèce de compétition entre cités. Chaque année, à partir de 2015, on a commencé par le développé coucher et on y a pris goût. Et à partir de 2018, on s’est mis au powerlifting .
Justement, comment tu as découvert le powerlifting ?
J’ai commencé à travailler, à avoir un salaire et me permettre de m’inscrire dans une salle de sport. E n 2017, il y a eu une compétition organisée par la CTG au Progt, et c’est là que j’ai pris connaissance de ce sport, par Gérard Lama qui a été précurseur de ce sport en Guyane.
Je commençais à me poser des questions, je me disais que c’était pas mal. De fil en aiguille, on a discuté, avec Gérard Lama, puis j’ai commencé le soulevé de terre et le squat. Un an plus tard, je suis parti pour ma première compétition de moins 75 kilos. Première participation : champion de France dans ma catégorie. Puis championnat d’Europe et championnat du monde… Je ne participe qu’à ces compétitions.
Ça t’apporte quoi de participer aux compétitions ?
Gagner les compétitions, c’est une récompense. Parce que c’est un investissement de soi, de temps, d’argent, savoir palier entre vie professionnelle, privée… Il faut tout équilibrer pour trouver du temps pour notre passion.
Ce sport m’a permis de sortir d’une destinée pas forcément glorieuse. On est toujours mal répertorié, en Guyane : soit c’est la drogue, soit ce sont les armes. Donc le fait d’être dans ce type de sport, nous apprend une certaine rigueur à avoir, ce dépassement de soi. Puis on devient accro, cette adrénaline… Et à partir de là, quand on participe aux compétitions, c’est la même chose, la hype , on partage cette même passion, on encourage des gens qu’on ne connaît même pas, parce qu’on sent que c’est un jeune et qu’il a énormément de force ! On voit dans les yeux de la personne ce bonheur de soulever cette charge et c’est un bonheur qui est partagé.
Championnat de France 2018 | © Simeon Fraser
Cette année ce sont les championnats du monde. Prêt ?
Oui, à Orlando, c’est à partir du 3 novembre. Là, on fait en sorte de trouver les moyens pour y participer. L’équipe française se voit heureuse d’accueillir les Guyanais. Le souci est que rien n’est pris en charge, ne serait-ce par l’association ou l’équipe française : vol, logement… On vient tous par nos propres moyens. Et c’est encore plus difficile de partir de la Guyane parce qu’il n’y a pas de vol pour Orlando. Puis le prix des billets… Ou il faut passer par la Martinique ou la Guadeloupe. Parfois, c’est encore mieux de partir de l’Hexagone pour revenir, alors que la Floride c’est à côté. Mais on ne se décourage pas.
Pourtant il y a une enveloppe destinée aux sportifs (de 100 000 euros), mais ça arrive qu’elle soit vide… Donc il ne faut pas toujours compter que sur les collectivités pour voyager.
Tu retournes dans ton quartier parfois, quel rapport tu as avec ?
Les jeunes et moins jeunes m’appellent déjà « l’ancien ». Ils me disent : « On te suit sur les réseaux ! » , « Si t’as besoin on est là ! » . Oui, j’ai besoin de personne comme vous pour passer le flambeau. Ils respectent la démarche, c’est très apprécié de tous. Et ils sont contents de voir que je suis quelqu’un qui a réussi à sortir du quartier.
Pourquoi ne pas mettre à disposition des infrastructures de musculation en plein air dans les quartiers ?
Quand on annonce une opération 5 000 terrains de sport et qu’au moment où on va les solliciter, ça devient complexe… On nous annonce des enveloppes… Mais à l’échelle de la Guyane, l’enveloppe, elle est toute petite. Et faire un aménagement à moins de 15 000 euros, ce n’est pas possible.
Dans l’environnement où on vit, il y a besoin d’un équipement qui dure dans le temps. Si ça nécessite un entretien tous les ans, c’est une pierre dans la marre, ça ne sert à rien. Mais en tout cas, c’est un projet qui est en tête.
Cliquez ici pour rejoindre un de nos groupes WhatsApp. Vous recevrez nos infos en temps réel !
Retrouvez l’ensemble des articles de cette rubrique en cliquant ici.
L’actualité en continu sur www.monewsguyane.com .
L’édition hebdomadaire de Mo News Guyane est aussi disponible en version numérique !