Le 23 août est la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Depuis 24 ans, cette journée est célébrée en l’honneur de l’insurrection des esclaves dans la nuit du 22 au 23 août 1791. Au-delà de s’être déroulés il y a 231 ans, ces événements dépassent les frontières et les origines.
Saint-Domingue (actuel Haïti et République Dominicaine), 1791, la nuit du 22 au 23 août débute. À ce même moment, l’insurrection qui déterminera la fin de l’abolition de la traite négrière s’entame. Cette révolte, déclenchée par les Nègres marrons, née un 14 août 1791 dans les esprits. En effet, au Bois-Caïman, un prêtre vaudou appelle à refuser le statut d’esclave. Ainsi, 200 d’entre eux, représentants du nord de l’île, promettent d’exterminer les Blancs et tous leurs biens. Armes en mains, des habitations sont brulées et un millier de colons sont massacrés.
Le chaos s’étale sur 10 jours et se propage à travers toute l’île. 10 jours que la plaine du nord s’embrase. Ce sont 161 sucreries et 1 200 caféières qui partent en fumée. C’est Tousaint Louverture, ancien esclave affranchi, qui mène cette violente lutte. Elle prend fin en 1794 lors de l’abolition de l’esclavage par la Convention.
Première révolution des temps modernes réussie
Bien sûr, cette insurrection ne plaît pas aux colons et ils se défendent. C’est en 1800 que Toussaint Louverture affirme la liberté de la colonie et la nomme Haïti. La France refuse et en 1802, Napoléon Bonaparte envoie 30 000 hommes restaurer l’esclavage. Deux ans plus tard, Haïti devient indépendante après de longs combats en 1804.
« Nous honorons leur mémoire et celle de toutes les autres victimes de la traite négrière et de l’esclavage qu’ils représentent. (…) Une fois pour toutes, il est temps d’abolir l’exploitation humaine et de reconnaître la dignité égale et inconditionnelle de chaque individu sur Terre. » – Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Unesco
Chaque département à sa propre date de commémoration, notamment selon la date d’arrivée du décret Schœlcher. 10 juin pour la Guyane, 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe et 20 décembre 1848 à La Réunion. Et deux ans avant, le 27 avril 1846, Mayotte voit l’esclavage abolit.
Une dimension culturelle
C’est un événement sans précédant dans l’histoire contemporaine. L’île devient la première République noire de l’histoire, la première République libre d’Amérique et première République issue d’une rébellion d’esclaves. Ces événements marquent une suite d’abolition d’esclavage historique au cours du XIXe siècle. L’histoire fut changée à tout jamais.
Cette date permet de transmettre cette partie sombre de l’histoire de l’humanité, de pérenniser le devoir de mémoire et de rappeler que ce sont entre 12 et 18 millions de personnes déportés d’Afrique subsaharienne vers les Amériques (selon les estimations), entre le XV et XIXᵉ siècle.
C’est donc dans ce contexte que la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est commémoré le 23 août. Les premières cérémonies se sont déroulées dans plusieurs pays : en 1998, à Haïti et en 1999 à Gorée, au Sénégal. Cette journée vise à marquer la tragédie de la traite dans les mémoires des peuples. Selon l’Unesco, elle doit « être l’occasion d’une réflexion commune de cette tragédie, ainsi qu’une analyse des interactions qu’elle a générée entre l’Afrique, l’Europe, les Amériques et les Caraïbes. »
Image | La Bataille de Saint-Domingue, huile sur toile de Janvier Suchodolski, 1845, Musée de l’Armée polonaise, Varsovie.
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