L’épilogue de la grève de la faim entamée par Sandra Trochimara ce jeudi 21 juillet est connu. Une évacuation des exilés installés dans les rues du centre-ville de Cayenne a finalement eu lieu ce vendredi, après une réunion entre des élus et le préfet de Guyane. Toutefois, les solutions mises en avant pour prendre en charge les ressortissants paraissent encore floues.
Unanimement, des maires, adjoints au maire et conseillers municipaux ont marché dans une même direction ce vendredi 22 juillet. Celle de la préfecture de Guyane, au sein de laquelle ils ont une nouvelle fois fait part de leur ralliement à l’action coup de poing de Sandra Trochimara, qui a entamé une grève de la faim après l’arrivée d’une douzaine de demandeurs d’asile sur la rue Arago ce mercredi.
Après environ 3 heures de discussions dans les salons préfectoraux, bercées des chansonnettes au mégaphone d’une poignée de soutiens venus afficher leur mécontentement, les élus sont sortis sur les coups de 12h. Nombre de personnes ont rallié le mouvement en raison des propos, jugés déplacés, du préfet de Guyane Thierry Queffelec.
Regina, terre d’accueil ?
« Dès aujourd’hui, l’espace entre la rue Lallouette et la rue Arago, et notamment tous les squats installés au niveau de l’ancienne prison, vont être évacués », a résumé Sandra Trochimara à l’issue de la réunion.
A la suite d’une grève de la faim d’un peu moins de 24 h, l’édile de Cayenne s’est félicitée de l’action commune de la Police et des services techniques de la ville capitale à l’endroit d’une poignée (entre 25 et 30) de réfugiés. Pourtant, seule l’évacuation des migrants du centre-ville, dans le prolongement de la rue Arago, a été rendue effective ce jour.
En complément, les décisions actées dans les salons de l’hôtel préfectoral ne font état d’aucune innovation majeure dans la prise en charge des demandeurs d’asiles en Guyane. Deux centres d’accueil, « transitoire » pour le premier, « pérenne » pour le second, ont été annoncés à Cayenne et Regina.
Des substantifs qui instaurent un certain flou, d’autant que le milieu associatif n’a pas été prévenu de ces nouvelles mesures d’urgence. Pour Regina, le maire Pierre Désert confirme que sa commune accueillera prochainement un centre d’accueil « pérenne » comportant une centaine de places. Plus précisément : « un centre d’hébergement provisoire où les gens pourront faire leurs formalités. »
Des centres d’accueil provisoires à Cayenne
Cette dernière annonce est directement connotée à la future sous-préfecture de Saint-Georges, qui devrait voir le jour dans l’année. En janvier 2022, l’ex-ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu déclarait : « si beaucoup a été fait pour l’orpaillage illégal, le moment est venu d’amplifier et d’accélérer sur la lutte contre l’immigration clandestine. Elle est source de beaucoup de déstabilisation du corps social guyanais. »
Concentrer les ressortissants venus du Brésil voisin dans une commune proche de la future sous-préfecture est donc une des solutions présentées aux élus ce matin. Le chiffre (une centaine de places) parait toutefois dérisoire au regard du nombre de demandes d’asiles enregistrées chaque année. On en recense 1356 depuis janvier, a déclaré Thierry Queffelec, préfet de Guyane, ce jeudi 21 juillet. Les ressortissants syriens représentent 30 % des arrivants.
Dans la continuité, des centres d’accueil cette fois « provisoires » devraient être mis sur pied dans la ville capitale. Ce qui permettrait de juguler l’afflux de migrants en attente de décisions de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration ou encore de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
Concernant l’évacuation des rues du centre-ville, « Médecins du Monde » s’avoue « relativement inquiet ». « Ces personnes sont déjà dans un état de vulnérabilité importante, aggravé aujourd’hui parce qu’elles se sentent acculées. » confie Aude Trepont, coordinatrice à Médecins du Monde.
Comme en 2016 ?
« Le problème de la variable d’hébergement de l’unité hôtelière, c’est qu’elle est instable. On demande à ce qu’il y ait un plan cadre avec un hébergement pérenne, pas qu’en hôtel. » poursuit Aude Trepont. Selon les services de l’État, près de 1000 hébergements sont aménagés en Guyane pour les demandeurs d’asile. 60 % sont dans des hôtels, le reste dans les structures d’Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile (HUDA).
En 2016, l’école Alexandrine-Stanislas avait été choisie par Marie-Laure Phinéra-Horth, à l’époque maire de Cayenne, dans une situation similaire. À l’époque, des exilés du Moyen-Orient et du Proche-Orient s’étaient déjà installés sur les trottoirs cayennais.
6 ans plus tard, l’occupation des trottoirs gêne toujours, mais aucune solution n’a été mise en avant sur le court terme pour la prise en charge des évacués. Le préfet devrait proposer un lieu lundi pour accueillir les ressortissants qui ont été « délogés » de la rue Arago. « Il ne nous a pas encore précisé l’endroit choisi. » nous indique-t-on à la mairie de Cayenne.