Samedi 2 juillet, à Cayenne, la Cultimathèque présentait son programme destiné aux jeunes des quartiers prioritaires pour ces deux mois de vacances.
Dans la salle remplie de jeux de société et vidéo, Cyril Moulard, président de l’association Cultimathèque, présente son programme à la quinzaine de bénévoles présents. La Cultimathèque est la seule ludothèque, au niveau national, à couvrir 300 km de territoire et à avoir plusieurs véhicules pour déplacer les usagers. Son but est d’intervenir dans les quartiers prioritaires pour proposer des activités aux jeunes entre 6 et 25 ans. Jeux de plateau, de carte ou encore jeux vidéo, tout type de profil peut y trouver son compte et ces jeux se déplacent jusque dans les quartiers de façon à éviter le moindre frais. Cette démarche prend forme à la suite d’un appel à projet national : Quartier d’été, vacances apprenantes.
La crise Covid a largement impacté la structure. Autrefois, elle vivait grâce à son autofinancement. Aujourd’hui, Cyril Moulard, demande l’aide de financeurs. La Préfecture le finance à hauteur d’environ 10 000-12 000 euros, mais « ça ne couvre qu’une partie minime de nos frais », explique-t-il. Il espère que la CAF le soutiendra dans cette démarche.
Bien plus que de l’amusement
À travers la Cultimathèque, il y a un aspect d’insertion professionnelle et sociale. Les bénévoles présents lors de cette journée sont soit d’anciens stagiaires de l’association motivés à continuer l’aventure ou par exemple d’anciens usagers qui ont découvert le monde associatif par le biais de ces activités. Tous ont suivi une formation à une vingtaine de jeux. Cindia, 19 ans, est bénévole depuis bientôt trois ans. Elle y a pris goût, lors d’un stage : « On s’entendait bien, l’idée me plaisait et je me suis dit que j’allais faire du bénévolat. Et par le biais d’un ami, j’ai découvert la Cultimathèque. »
De son côté, Genica, 20 ans, est également bénévole depuis trois ans. Elle est issue des quartiers populaires, comme la majorité des jeunes présents à I’Imazonienne, également partenaire. Elle vient de Cogneau-Lamirande et a connu ces activités parce qu’elles sont venues à elle : « Lors de leurs interventions dans mon quartier, je les ai vus et ça m’a donné envie de participer aussi. »
Ainsi, ils la Cultimathèque a en sa possession 24 bénévoles pour juillet et août. Par le biais de ce bénévolat, elle peut s’engager à prendre en charge une partie du BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) ou d’autres formations. Ce qui leur permet d’étoffer leur CV et expérience pour de futurs emplois.
Le règlement de compte par le jeu et non la violence
Pour permettre à tous les jeunes des quartiers prioritaires d’accéder aux jeux, la Cultimathèque met en place des minibus. Ainsi, ceux qui ne peuvent se déplacer en autonomie ont toujours une chance de s’amuser. Des allers-retours sont donc mis en place entre le lieu de vie et celui d’activité.
Cette démarche d’aller-vers permet également d’ouvrir les esprits. C’est ce qu’a pu observer, Stéphane, 21 ans, bénévole : « Au début, ça les surprend de voir que ce sont aussi des jeunes qui font les jeux. Après, ils voient qu’il y a d’autres manières d’être actifs, à la place de zoner dans la rue ». Isaiah, 21 ans aussi, membre du bureau de la Cultimathèque et président de l’association Graine d’Elie constate le même point : « Ça leur apporte… Soutient scolaire, éducation culturelle au niveau des jeux, ça leur permet de s’ouvrir l’esprit. »
Cindia, Genica et Adelle, 24 ans, confirment que le fait d’être aussi issues des quartiers facilite le lien et la confiance. « Parfois, ils sont un peu agités au début. Mais une fois qu’on les a cernés, on leur propose des activités qui leur conviennent. Et par exemple, si deux jeunes sont en conflit, ils règlent ça autour d’un jeu et parfois ça débouche au moins sur du dialogue et des rires, plutôt que la violence », racontent les trois jeunes femmes.
Tous les publics sont les bienvenus
À terme, l’idée est aussi d’accueillir des personnes en situation de handicap ou des personnes âgées pour lesquelles des jeux psycho-moteur, ou encore thérapeutiques leurs seraient proposés.
Pour le moment, la structure accueille pour juillet-août, en continu, de 7 h 30-19 heures les personnes des quartiers prioritaires (1500 personnes environ concernées). Mais pas que ! Elle propose également des prestations aux parents souhaitant faire garder leurs enfants toute la journée. Ainsi, une mixité sociale est possible entre ceux qui peuvent débourser une somme d’argent et ceux qui n’en ont pas la chance.
Leurs lieux d’interventions sont :
- Ludothèque Pass’temps à Rémire-Montjoly
- Café jeux instant Imazonienne à Cayenne
- Médiathèque de Matoury