Perturbations en cours sur le réseau de la SEMOP. Près d’une trentaine de chauffeurs ont de nouveau exercé leur droit de retrait, faute de mesures efficientes de la direction après l’agression d’un agent le 14 mai.
Le torchon brûle entre les agents de la SEMOP et leur direction. A l’absence de dialogue sociale dénoncée par les agents viennent se greffer de nouveaux motifs d’actualité.
Le 14 mai, un chauffeur a été agressé par deux individus alors qu’il était au téléphone, en service, en dehors de son bus au terminus de la ligne 2.
Le 16 mai (lundi qui suivait les faits), une trentaine de chauffeurs ont exercé un premier droit de retrait. Ils réclamaient un système de protection plus efficient dans les bus. Plus précisément, un bouton « anti-agression » qui lance un signal directement aux forces de l’ordre.
Au cours d’un premier CSE exceptionnel suite à cette agression, les agents représentés notamment par trois syndicats (CFTC, UTG et FO) ont aussi quémandé la venue d’un expert en sécurité et santé au travail.
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Contactée, Carla Baltus, directrice de la SEMOP, explique que ce point ne figurait pas sur le relevé de décisions qui a été signé. Elle s’est récemment opposée à cette expertise demandée par les agents. La procédure coûterait entre 60 000 et 100 000 euros. Le contentieux repose aussi sur les droits de retraits des agents, jugés « illégitimes » par la directrice, qui rajoute : « ils prennent la population en otage ».
« On avait 10 jours pour déposer un recours au tribunal donc on l’a fait. C’est pour ça qu’ils ne sont pas contents. » explique Carla Baltus.
« On estime que ce n’est pas nécessaire. Pendant l’agression, le chauffeur était en dehors du bus. On a voulu lui piquer son téléphone. Il était à un terminus. Il attendait l’heure de départ. C’est lui-même qui me l’a dit. Le chauffeur ne s’est pas fait braquer au volant et encore moins dans le bus. » poursuit-elle.
« Aucun système de protection n’est opérationnel »
La goutte d’eau a déjà fait déborder le vase du côté des chauffeurs de bus, en débrayage ce mercredi matin. Selon eux (28 agents exercent actuellement leur droit de retrait), la directrice a engagé « un inquiétant rapport de force jusqu’au-boutiste aves ses salariés ».
« Elle ne souscrit à aucune proposition ou obligation, y compris celle concernant la protection de la sécurité et de la santé des salariés » peut-on lire dans un communiqué publié ce jour par les salariés membres du CSE.
Les salariés qui ont exercé leur droit de retrait assurent également dans ce communiqué qu’« aucun système de protection n’est opérationnel ». Dans une vidéo diffusée sur notre support Mo News TV, ils retracent également le manque criant de bus opérationnels. 9 sur les 32 annoncés seraient en mesure de circuler, soit un bus par ligne, selon leur décompte.
« Depuis l’avènement de la SEMOP, on est en déflagration », estime Vital Anderson, chauffeur de bus.
Depuis mai 2020, le transport public – anciennement géré par la régie intra-communautaire de la CACL- est dirigé par le biais d’une gouvernance partagée entre la CACL et le groupe Mosaïque qui assure la direction générale et opérationnelle.
Carla Baltus, également directrice du principal réseau de transports en commun à Mayotte, attend de son côté des réponses : « ll faut qu’on fasse des propositions, que les mairies et la CACL les accepte, mais ça ne va pas se faire en un claquement de doigt. »