MO NEWS TV – Candidat à sa réélection, Lénaick Adam, soutenu par le parti de la majorité présidentielle (Ensemble !), a recueilli 31,88% des suffrages au premier tour des élections législatives dans la seconde circonscription de Guyane. Avec une avance de 1245 voix sur Davy Rimane, il compte « récupérer une dynamique », notamment à Maripasoula et Papaïchton. Dans un entretien accordé à Mo News, le saint-laurentais défend son bilan et assure que son dernier concurrent en lice « ne connaît pas » les territoires du Maroni. Entretien.
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Quelle analyse faites-vous des résultats du scrutin dans l’Ouest ?
Chacun dans son bassin de vie réussit à mieux convaincre. Maintenant, il y a un travail à faire pour stabiliser et ajuster les choses. Nous essayons de faire ce travail-là. Nous sommes confiants et nous essayons de sensibiliser, d’expliquer notre démarche. C’est ce que nous faisons ces derniers jours. Aujourd’hui, nous avons une avance de 1250, à peu près 1300 voix. Ça démontre que nous avons pu sensibiliser les Guyanais face à notre démarche grâce au travail que nous avons pu faire durant ces années. La Guyane avant tout, nous n’avons pas chômé. Dire tout simplement aux Guyanais que nous avions un document de référence qui est l’accord de Guyane. Au moins quatre ou cinq des points de l’accord de Guyane, nous les avons mis en place. C’est-à-dire que nous avons effectivement travaillé et écouté.
La physionomie du monde politique a-t-elle changé au sein de la seconde circonscription ?
En 2018, il y avait déjà neuf candidats. Donc pas de nouveauté à ce niveau-là. Maintenant, il y a eu beaucoup de candidats de l’Ouest. Vous savez, il y a beaucoup de populations dans l’Ouest. Saint-Laurent-du-Maroni est un grand bassin de vie. Je suis élu d’opposition à Saint-Laurent. Mais malgré ça, nous avons su mieux convaincre que l’élu de la majorité et donc forcément ça nous encourage à pouvoir continuer le travail, notamment à Mana, Saint-Laurent, Apatou, Grand-Santi, Maripasoula et Papaïchton. Dans ces deux dernières communes, il y avait un candidat qui était originaire de là-bas. Donc forcément, il a pu avoir une dynamique. Maintenant, nous allons, je pense, récupérer cette dynamique et nous demandons aux gens de pouvoir nous suivre parce que chacun son bassin. A Kourou, Macouria, nous avons un peu de difficultés à convaincre. Peut-être même pas à convaincre, mais les gens votent en pensant « on se ressemble avec lui ». Ce n’est pas une question d’idéologie ou de capacité de travail.
Certains candidats remettent en question votre action au niveau des Accords de Guyane. Que répondez-vous ?
Quand j’entends nos adversaires dire qu’on n’a pas travaillé et que le document pour lequel on s’est tous battus – une mobilisation historique – aujourd’hui, pour des raisons politiques, insulter, dénigrer celui qui a pu mettre en place et faire passer des amendements qui portent directement mon nom, je trouve ça inquiétant. Je trouve ça triste, mais nous allons avancer. Ceux qui comprennent et même ceux qui ne comprennent pas bénéficieront du travail que nous produirons encore une fois,
Est-il plus difficile de battre campagne en défendant un bilan ?
Ecoutez, si les populations reconnaissent qu’il y a eu un travail, ça devrait être plus facile. Mais aujourd’hui, on voit que très souvent on repart à zéro. La SAFER, nous avons obtenu son droit de préemption. Sur l’évolution statutaire, aujourd’hui, la CTG retient la proposition que nous avons porté et que nous avons présenté au président de la République. Et le président de la République se dit ouvert à ça. Les écoles les collèges, les lycées. Chaque année, nous avons voté les budgets dans la mission outremer et dans la loi de finances. Nous avons vérifié que ça soit bien là. Toutes ces questions-là, toutes ces choses-là font que nous avons réellement un bilan.
Quand il s’est agi de faire des interventions, notamment pour le Dragon 973, pour qu’il reste en Guyane et qu’il n’aille pas en Martinique, nous l’avons fait aux côtés des autorités compétentes. Donc aujourd’hui, quand j’entends « Oui, Lénaïck Adam il est pour Macron », je ne comprends pas. Le deal n’est pas avec Macron, le deal est avec un Guyanais. Aujourd’hui, il n’y a pas de Guyanais plus que d’autres. Il n’y a pas de personnes qui peuvent revendiquer mieux se battre pour la Guyane. Il y a des Guyanais parmi tant d’autres qui se présentent aux suffrages d’autres Guyanais. Mais on voit que certains tentent de diviser et de séparer.
Ce n’est pas ce que nous demandons. Nous demandons l’unité, la force de l’unité pour qu’on puisse avancer sur les dossiers qui préoccupent la Guyane. Maintenant, nous disons qu’il faut un équilibre sur ce territoire, une personne en capacité de parler au gouvernement. C’est très bien puisqu’on voit dans la première circonscription qu’on aura forcément une personne qui sera dans une certaine forme d’opposition. Maintenant, ce que nous disons c’est : est-ce qu’on veut être dans l’équilibre ou on va être dans l’opposition systématique où ces personnes brilleront pour leur personne et ils vont parler, ils vont s’opposer, ils vont contester parce que c’est à la mode de pouvoir dire les choses de manière forte. Et puis voilà, ça peut être cool, mais qu’est-ce qui rentre dans le panier ? Qu’est-ce qui rentre pour la Guyane ? Je m’inquiète sur cette partie-là.
Nous proposons d’être dedans et de pouvoir négocier, demander. Par la suite, nous allons démontrer aux Guyanais qui sont sincères que nous savons dire non. Oui, j’ai voté contre le pass sanitaire, contre le pass vaccinal, contre la suppression de la réserve parlementaire, contre la loi Hulot, contre la loi sécurité globale. Toutes ces choses-là, il faut avoir la capacité et le courage de le faire face à 300 à 400 autres députés. Ce n’est pas dit pour ceux qui se présentent aujourd’hui. Ce n’est pas dit qu’ils auront la force de résister.
Une troisième circonscription permettrait-elle une meilleure représentativité ?
Est-ce qu’il ne faudrait pas qu’il y ait un député effectivement à Cayenne avec un centre névralgique politique, culturel, administratif, et un équilibre avec l’Ouest ? Non, je ne parle même pas encore de trois circonscriptions. Peut-être que ça viendra après. Je parle clairement de Monsieur Rimane et de Kourou. Est-ce qu’avoir un député à Cayenne et un à Kourou, ça ne crée pas une distance ? Ça, c’est aux Guyanais d’y réfléchir. C’est aux responsables politiques aussi de prendre ça en compte.
Vous revendiquez ici votre proximité avec le fleuve Maroni ?
Bien sûr, c’est un territoire que je connais mieux. C’est un territoire que Monsieur Rimane ne connait pas. Il connaît mieux les savanes que moi. Mais moi, quand je dois aller travailler ou quand je dois aller à Cayenne je parcours tous ces territoires. Lui, quand il va travailler ou quand il va faire quelque chose il ne parcourt pas tout le territoire. Il va seulement dans un sens, c’est comme ça.
Si vous êtes élu, avec le soutien affiché par la majorité présidentielle pendant votre campagne, serez-vous en mesure de vous opposer réellement à l’action du gouvernement. Sur la retraite à 65 ans par exemple ?
Écoutez, aujourd’hui, vous savez que tout le monde a démontré que la France insoumise est dans une dynamique de 65 ans aussi. Vous n’êtes pas sans le savoir puisque si vous avez 25 ans et que vous commencez à travailler à 25 ans, il vous faut 40 annuités, 25 plus 40, ça fait 65. Et ça il faut que Monsieur Rimane l’explique aux Guyanais. Il ne faut pas se mentir, il faut qu’on dise la vérité. Donc aujourd’hui, ce que nous nous disons, c’est qu’il faut ajuster, amender, compte tenu de la réalité de notre territoire. Certains, parfois, commencent à travailler tôt. Il y a des spécificités. Nous allons les intégrer dans ce texte-là, parce que, pour chaque territoire et ses spécificités, nous sommes, nous serons les garants de pouvoir les porter à la connaissance du Parlement.
Projetez-vous sereinement de siéger avec un député de la 1ère circonscription qui promet de « renverser les tables » pour faire valoir son opposition à plusieurs projets de loi portés par le gouvernement ?
J’ai envie de vous dire, nous verrons dès la semaine prochaine comment ils vont renverser les tables, comment ils vont renverser les choses. Et je suis très curieux de le voir aussi, en tout cas dans la première [circonscription]. Dans la deuxième, pour ma part, je dirai « non » quand ça ne va pas dans le sens de la Guyane et je dirai « oui » quand ça ira dans l’intérêt des Guyanais. Et je veux voir, quand ils vont découvrir le Palais Bourbon, comment ils vont faire pour garder leur dynamique, quand ils verront les moyens mis à la disposition du député. Qu’on le veuille ou non, il y a un certain nombre d’avantages. Il ne faut pas se leurrer. Je ne dis pas que c’est trop puisqu’effectivement, si vous allez à Paris deux fois ou trois fois dans le mois, c’est nécessaire.
Mais vous ne pouvez pas voyager comme n’importe qui puisque c’est un outil de travail et donc je pense qu’ils ne renonceront pas à ça. Il faut qu’ils rassurent les Guyanais, qu’ils utiliseront les moyens de la République pour pouvoir faire le travail et défendre les Guyanais, ce que nous aussi nous avons fait. Donc voilà la réalité des choses. Et puis on verra. Le message est simple, il faut que chacun se mobilise, que chacun s’accroche au candidat qu’il porte.