Une opération coup de poing, visant à interpeller les services de l’Etat, a pris lieu et place sur la rue Arago ce jeudi 9 juin suite à l’arrivée d’une vingtaine de demandeurs d’asile. Après l’annonce d’un sit-in par Sandra Trochimara, maire de Cayenne, candidats aux législatives et élus ont pris part à une manifestation qui a duré jusqu’à 1h du matin.
Rebelotte. Près de deux mois après avoir fait l’actualité, la rue Arago revient sur le « devant de la scène ». Sur les coups de 20h, ce jeudi 9 juin, le maire de Cayenne Sandra Trochimara a annoncé un sit-in, sur cette voie du centre de Cayenne, en raison de « l’arrivée d’environ 28 ressortissants syriens en fin d’après-midi », tel qu’indiqué par les services de la mairie de Cayenne.
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Depuis plusieurs mois, cette voie située en contrebas des locaux de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est devenue le point de chute de nombreux demandeurs d’asile, pour la plupart des ressortissants syriens arrivant du Venezuela ou du Brésil et en attente d’une solution d’hébergement. L’organe sous tutelle du ministère de l’Intérieur a notamment pour mission de proposer des places en hébergement, lorsque les demandes d’asile sont complètes, aux réfugiés. La politique de l’asile étant, plus globalement, une compétence de l’Etat, auquel revient la prise en charge des demandeurs.
À maintes reprises depuis le début de l’année 2022, les services préfectoraux et la Ville de Cayenne ont fait appel à la force publique pour évacuer la rue François Arago. Des opérations en ribambelle encadrées par un arrêté municipal qui interdit, du 8 janvier au 30 juin 2022, l’installation de tentes, de bivouacs ou tout autre dispositif « ayant la même finalité » entre 6h et 22h.
Ce jeudi, constatant une nouvelle augmentation du nombre de demandeurs d’asile assis sur les trottoirs de la rue Arago, le maire de Cayenne Sandra Trochimara a annoncé un sit-in.
« Aux environs de 18h, me déplaçant dans la ville parce que je devais inaugurer une manifestation, je me suis rendue compte que le trottoir était de nouveau rempli de demandeurs d’asile […] et qu’on repartait sur la même situation que le 28 avril. Par conséquent, j’ai appelé la préfecture, notamment madame la sous-préfète, afin de les informer de la situation et qu’on trouve une solution en matière d’hébergement pour ces personnes. » a expliqué l’édile, en live sur le réseau social Facebook.
Barnum et bancs sur la route
Sandra Trochimara, maire de Cayenne
« J’interpelle de nouveau le préfet. Je ne dis pas que je ne collabore pas avec le préfet. Nous collaborons, nous échangeons. Il y a eu des solutions qui ont été apportées, je ne peux pas le nier. Mais la même histoire recommence. Nous n’avions pas tous ces demandeurs d’asile sur le trottoir. On recommence à écrire une nouvelle page ? Non, il faut absolument qu’au niveau international ce soit réglé. Les personnes arrivent du Brésil, donc elles doivent être bloquées au Brésil, il faut que le France et le Brésil puissent à un moment se mettre autour d’une table. Nous ne sommes pas en capacité en Guyane d’accueillir tous ces demandeurs d’asile. »
Un peu après ces premières déclarations, Sandra Trochimara a précisé qu’elle comptait « dormir sur place ». Tout au long de la soirée, des candidats aux élections législatives, pour la plupart dans la 1ère circonscription, ont afflué et ont pris la parole aux micros des médias et pour le compte de leurs communications. Pour rappel, la campagne officielle s’est clôturée ce jeudi, à minuit.
Entre les intersections de la rue Madame Payé et de la rue Lalouette, la circulation a été bloquée au moyen d’un barnum des services techniques de la mairie de Cayenne et de cinq bancs.
Gabriel Serville demande une cellule interministérielle de crise (CIC) dédiée aux questions migratoires
Le président de la CTG a pris la parole un peu avant minuit. « Ce soir, nous sommes plus nombreux que la dernière fois. Moi je ne veux pas qu’on puisse laisser prospérer une telle situation parce qu’on sait où commencent ces problèmes, jamais où et comment ils se terminent » a dit Gabriel Serville.
Et d’ajouter, après un discours d’une dizaine de minutes, qu’il souhaite une réunion semblable à celle de la cellule interministérielle de crise préfectorale relative aux questions sanitaires, mais cette fois sur la gestion de la crise migratoire dans le territoire de la Guyane. « Ça nous permettra d’éviter qu’on aille à l’affrontement parce que je sais que des personnes sont très remontées quant à la manière dont le problème est pris en charge sur le territoire de la Guyane. »
Le « sit-in » a finalement connu son dénouement vers 1h du matin. Selon nos informations, deux agents de la Direction générale Cohésion et population (DGCOPOP) se sont rendus sur les lieux de la manifestation, rue Arago. Les femmes, personnes âgées et enfants qui étaient sur le trottoir ont été pris en charge cette nuit. « Pour les hommes célibataires, il n’y a pas eu de solution d’hébergement. », nous précise-t-on à la mairie de Cayenne.
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