Le lycéen de 18 ans poursuivi pour avoir volontairement exercé des violences à l’encontre d’un enseignant du lycée Bertène Juminer a été condamné à 12 mois de prison intégralement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans. Compte-rendu d’audience.
Le 20 mai, les gendarmes interviennent à proximité du gymnase du lycée Bertène Juminer. Un cours de sport vient de se terminer au son des gyrophares des ambulances et de la gendarmerie. Frédéric B., professeur de sport au sein de l’établissement depuis une vingtaine d’années, est pris en charge par les secours après avoir perdu connaissance. L’indignation de la communauté enseignante prend rapidement le pas et un débrayage est organisé, dans un contexte déjà dégradé par une série de faits-divers au sein des établissements scolaires Saint-Laurentais.
En audition à la gendarmerie, le professeur explique qu’au moment des faits son cours vient de se terminer et qu’une autre classe est sur le point d’investir le gymnase. Tous les élèves du cours sont partis à l’exception de l’un d’entre eux. A ce moment-là, le professeur de sport se voit dans l’obligation d’employer la force pour sortir l’élève du gymnase. Après un rapide échange verbal, le jeune majeur lui porte un premier coup au niveau de la tête. Il sort du gymnase puis revient et allonge cette fois plusieurs coups derrière la tête et au niveau de la nuque. Le professeur tombe. L’élève lui assène un dernier soufflet au niveau du flanc gauche.
« Il était hors de lui, incontrôlable »
Après examen médical et constatations de plusieurs lésions dont une côte cassée, Frédéric B. s’est vu prescrire 6 jours d’ITT. Le lycéen, désormais exclu de Bertène Juminer, devait ainsi répondre ce vendredi dans le cadre d’un jugement en comparution immédiate de violences volontaires sur une personne chargée d’une mission de service public ainsi que de différents outrages, en l’espèce « Putain de professeur » ; « trou du cul » et autres ignominies.
« Il était hors de lui, incontrôlable » expliquent des enseignants témoins de la scène au sujet de l’élève-agresseur.
Sans aucune condamnation à son actif, l’élève annonce à la barre qu’il souhaite s’engager à l’armée. « Vous avez conscience, Monsieur, qu’à l’armée il est un peu difficile de questionner l’autorité ? » ironise la présidente d’audience.
« Est-ce que vous avez une notion de remords par rapport à M. B. ? » demande un des assesseurs. « Oui, j’ai tapé plusieurs fois fort, c’est pas sympa » glisse le prévenu.
Appelé à son tour à répondre aux questions des juges, l’enseignant fait état de blessures importantes suite à cet épisode d’une violence inouïe en milieu scolaire : « j’ai des acouphènes qui sont infernales tous les jours, mal aux cervicales, une côte cassée. Je vais aussi devoir faire une radio des reins. »
Pour le ministère public, représenté ce jour par le substitut du procureur Alexandre Rousselet-Magri, « il y a nécessité de réprimer ». « On voit une recrudescence des faits commis à l’encontre des enseignants sur leur temps de travail. On a des incendies qui sont commis dans des collèges à Saint-Laurent du Maroni et puis, sur tout le territoire, de plus en plus souvent, des professeurs qui se font insulter, des rapports d’incidents qui sont faits et des enseignants qui sont de plus en plus obligés d’aller à la confrontation physique avec les élèves, soit pour séparer des bagarres soit pour faire respecter l’autorité. » déplore le parquetier.
200 € d’amende délictuelle
Le magistrat a requis une peine à caractère mixte, soit 24 mois d’emprisonnement dont 18 assortis d’un sursis probatoire d’une durée de deux ans accompagné d’une interdiction de contact avec la victime et d’une obligation de l’indemniser.
L’avocate de la partie civile Me Mélanie Dubois a quant à elle rappelé « la particulière lâcheté des coups » qui ont été portés « par derrière ». « M. B. est un professeur qui est particulièrement dévoué. Au-delà de l’exercice de son métier, il a une certaine pérennité dans cet établissement scolaire. Il en connaît les particularités et le public. C’est un professeur investit sur le plan scolaire et extra-scolaire. Il est très impliqué dans la vie de ses élèves. » a-t-elle expliqué à la barre.
La robe noire en charge de la défense du jeune prévenu tout juste majeur a plaidé pour « une application modérée de la loi pénale au regard de son parcours, de ses déclarations à la barre et de ce qu’il souhaite faire pour concrétiser ses rêves ».
Avant délibéré, l’élève a présenté une dernière fois ses excuses à la barre. Le tribunal l’a finalement condamné à une peine d’un an d’emprisonnement entièrement assortie d’un sursis probatoire de 2 ans et a rejeté la demande de dispense d’inscription de la condamnation sur le bulletin n° 2 du casier judiciaire. Concernant les outrages, le jeune majeur écope d’une amende délictuelle de 200 €.