C’est une interview qui depuis quelques heures secoue le monde du football brésilien et quelque part aussi la société brésilienne. Avec des passages à Palmeiras, Fluminense et l’Atlético Mineiro, Roger Machado, 47 ans, dit souffrir du racisme structurel d’un pays qui acclame ses joueurs noirs, mais pose des obstacles à ceux qui veulent être entraîneurs.
L’entraîneur du Grêmio Roger Machado, l’un des rares entraineur à la tête d’un club de football majeur au Brésil, a déclaré ce jeudi que les actes discriminatoires se sont multipliés dans la société et que des personnes, jusque-là cachées, se sentent autorisées à s’exprimer selon les positions et les points de vue du chef de la nation , faisant référence au président Jair Bolsonaro. » Les individus qui se cachaient se sentent autorisés à se manifester selon les positions et les points de vue du chef de la nation, ils sont convergents. Nous devons résister, car son intention est que nous revenions, et nous ne pouvons pas permettre cela » , a-t-il déclaré
Selon Roger Machado les personnes qui pensent perdre leurs privilèges, construits par le racisme pendant 500 ans, réagissent de manière agressive. »C’est un processus lié à une culture de la haine que nous avons vécue beaucoup plus fortement au cours des quatre dernières années au Brésil. », pointant notamment les insultes qu’il reçoit régulièrement et qui sont devenues beaucoup plus virulentes lors des dernières victoires de son équipe.
Dans cette interview , l’entraîneur de Grêmio a évoqué le racisme dont il a été victime dans sa carrière et les raisons pour lesquelles il y a peu d’entraîneurs noirs. Pour lui, quand les Noirs et les Blancs décident de monter dans la pyramide sociale, des filtres commencent à apparaître. Prenant pour exemple son parcours, il rappela que lorsqu’il a été licencié de ses premiers emplois d’entraîneur, c’est sa capacité à gérer des groupes qui a été remise en question, alors que c’est celle là même qui faisait de lui un joueur, un capitaine et un leader unanimement respecté de tous.
Selon l’évaluation de l’entraîneur, cette situation fait partie de la discrimination systématique et structurelle au Brésil et s’appuie sur un « racisme voilé » à la brésilienne qui au final a construit un mythe d’une démocratie raciale dans laquelle en théorie il n’y a ni racisme ni préjugé. Il pense qu’en tant qu’athlètes, ils sont entraînés à ne pas quitter le terrain et que se positionner fortement est nécessaire mais sera compliqué. « Il y a beaucoup de façons différentes de s’exprimer. Le fait est que la plupart d’entre nous, malheureusement, ont un niveau d’éducation inférieur parce que le pays n’a pas privilégié notre éducation. Cela impacte aussi sur notre conscience sur notre construction idéologique pour débattre de ces questions ».
Pour Roger Machado, cette situation n’est pas uniquement limitée au Brésil mais est global, et le racisme prendra un temps à être éliminer du sport et du football en particulier mais ce n’est pas mission impossible. » Si nous commençons à discuter ouvertement de la question, en étant conscients qu’il y aura plus d’actes de discrimination dus à un mouvement de résistance. »