Au lendemain de la réélection du Président Emmanuel Macron, quel est le regard des Guyanais sur ces résultats ? Marine Le Pen, leader sur le territoire, peut-elle redonner de l’espoir ?
Emmanuel Macron est réélu président de la République ce dimanche 24 avril en obtenant 58 % des suffrages. Alors que certains soufflent de soulagement car le barrage contre l’extrême droite a été solide, d’autres soufflent car Emmanuel Macron : « C ‘en est trop » . À l’heure où la population guyanaise a voté d’un extrême à un autre , en majorité (Jean-Luc Mélenchon au premier tour et Marine Le Pen au second) , quel est le ressenti des citoyens 24 heures après la nouvelle ?
Après avoir voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour, Vincent, 48 ans, a choisi Emmanuel Macron au second : « Pas le choix, sinon qui d’autre ? » argumente le CSP+ . Lenaik Adam, représentant LREM (La République en Marche) et d’Emmanuel Macron en Guyane se satisfait de cette réélection : « Le nouveau gouvernement devra être réellement contrôlé par le Parlement et non l’inverse » . Cependant, il tempère : « Le nouveau gouvernement doit se mettre dans une dynamique très politique et se rapprocher des élus des territoires » . En effet, le Président n’a pas été favori sur le territoire guyanais. Sa rivale, Marine Le Pen en est sorti largement favorite en empochant 60 % des votes.
« Un ras-le-bol général »
Hubert, 42 ans est l’exemple type de l’argument « Tout sauf Macron » . Le fonctionnaire a voté pour Marine Le Pen au second tour : « Trop c ‘est trop… Un programme pas respecté, on décide pour nous alors que chaque territoire gère à sa manière. C’est presque vouloir surpasser les autorités locales en voulant montrer qu’elles sont incompétentes. C’est de la politique sournoise » . Et si Marine Le Pen est arrivée en tête en Guyane, ce n’est pas un hasard pour le matourien : « C’est surtout pour montrer un changement, taper là-haut. »
Jérôme Harbourg , représentant RN (Rassemblement National) et donc de Marine Le Pen, souligne cette victoire guyanaise en évoquant ce « ras-le-bol général » . Toujours selon lui : « Macron n’est qu’un pion. Depuis Chirac, les Outre-mer sont complètement abandonnées et Le Pen est la seule à avoir un programme adapté. Donc les Guyanais se sont retournés vers nous » . Gérard, un retraité de 67 ans, vivant à Rémire a également exprimé sa colère depuis 40 ans : « J’en avais marre de Macron est de tous ses mensonges, même avant, sous Hollande » . D’après lui, si la candidate RN a devancé Emmanuel Macron, c’est dû au « contexte géopolitique dans les DOM . Son programme est peut-être plus adapté, c’est l’impression que ça donne. »
Gérard, 67 ans, Rémire-Montjoly : « Sa réélection ne va pas nous empêcher de vivre. »
Si le barrage contre l’actuel résident de l’Élysée a fonctionné, Lenaik Adam (LREM ) explique une grande partie de ces résultats ultra-marins par l’obligation vaccinale des soignants : « Les résultats dans les Outre-mer doivent alerter l’Hexagone de nos préoccupations, qui doivent être mieux traitées. Je souhaite que le Président parle rapidement aux territoires ultramarins. »
Se préparer pour changer le système
Le prochain combat du RN et des autres partis sont les législatives, en juin prochain. Le représentant RN , Jérôme Harbourg est à Paris pour préparer l’avenir : « Nous avons un choix devant nous pour changer le système. On prépare l’avenir en 2027. Mais avant, il y a d’autres combats : les Européennes en 2024, les Municipales en 2026, et Régionales en 2028. »
Frédérick, 46 ans, Sinnamary : « Les candidats ne me convenaient pas. »
Frédérick, lui, a choisi de respecter ses convictions. Si aucun des deux candidats ne lui inspirait confiance, l’homme de 46 ans est resté droit dans ses bottes : il n’est pas allé voter. « Pourtant, il incite tout le monde à y aller. Pour lui, c’est un devoir » raconte sa femme, professeur des écoles. Frédérick reprend : « Aucun ne me convenait, et Marine on sait ce qu’on en pense. Même si Macron j ‘en ai marre, je n’ai pas voté pour respecter mes valeurs » . Le riverain de Sinnamary rejoint les quelque 28,1 % des Français et les 60 % des Guyanais à s’être abstenu.