Notre CDJ est 180, comme la peine à laquelle a été condamné le rappeur américain T WARD en 2018, qui dans les paroles d’une de ses chansons I’m different, confessait le meutre qu’il avait commis. Suspecté dans l’affaire, l’apprenti rappeur sera appréhendé après que la police ait pris le temps de jeter une oreille à son titre I’m Different, publié sur la plateforme SoundCloud. Il faut dire que les lyrics avaient de quoi prêter à confusion, tant elles semblent relever de l’aveu en bonne et due forme.
Si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que 2 rappeurs et pas n’importe lesquels Meek Mill et Jay z tentent de faire entendre leur voix afin qu’une proposition de loi puisse définitivement interdire à la justice la possibilité d’utiliser la musique d’un rappeur contre lui dans un éventuel procès. C’est un projet de loi qui pourrait avoir un impact important pour les rappeurs confrontés à la justice. Plusieurs acteurs majeurs du rap game américain, parmi lesquels Jay-Z, Meek Mill, Big Sean, Yo Gotti ou encore Fat Joe, mais aussi Kelly Rowland ou Robin Thicke, sont en effet mobilisés depuis plusieurs jours pour l’adoption d’un projet de loi. S’il était adopté, celui-ci interdirait définitivement à la justice américaine d’utiliser les lyrics d’un rappeur contre lui en cas de potentiel procès.
Une lettre a notamment été écrite, co-signée par l’intégralité des artistes mais aussi par des professeurs d’université reconnus et envoyée à plusieurs personnalités politiques et judiciaires, dont Kathy Hochul, gouverneure de l’Etat de New York, avec l’espoir que plusieurs d’entre eux ne rejoignent leur combat. L’avocat de Jay-Z, Alex Spiro, a notamment justifié ce souhait basé sur une réelle discrimination basée sur le type musique : “C’est une question très importante pour Jay-Z et tous les autres artistes qui essaient d’apporter un changement. C’est présent depuis longtemps. Mr. Carter est de New-York et s’il peut aider avec son nom et son importance, et bien c’est ce qu’il veut faire”.
De son côté, Fat Joe a expliqué pourquoi il s’était engagé dans ce combat : “Nos paroles sont une forme d’expression creative et de divertissement. Nous voulons que nos mots soient reconnus comme de l’art plutôt que d’être utilisés contre nous en justice. J’espère que le gouverneur et les sénateurs prendront notre lettre en considération, protègeront nos droits en tant qu’artiste et prendront la bonne décision en faisant passer cette loi ”. Parmi les exemples cités, la condamnation en 2019 à 3 ans de prison Drakeo the Ruler après avoir été reconnu coupable en partie grâce à des extraits de son morceau Flex Freestyle est notamment mise en avant. En revanche, le chanteur Johnny Cash n’a jamais été poursuivi malgré qu’il ait dit dans un morceau de 1955 “avoir tiré sur un homme juste pour le voir mourir”, comme le musicien David Byrne qui clamait lui haut et fort être un “tueur psychopathe”. Un traitement différent, qui n’était déjà pas justifié avant, n’a définitivement aujourd’hui plus sa place quand on connaît l’importance du rap dans la musique, qui est avant tout un divertissement.
Le projet de loi a été présenté pour la première fois par les sénateurs de l’État de New York, Brad Hoylman et Jamaal Bailey.
Ils espèrent que la législation proposée empêchera les procureurs de citer les paroles dans la salle d’audience, à moins qu’il n’y ait une « preuve claire et convaincante » d’un lien entre les paroles et un crime.
Le sénateur Bailey pense que les rappeurs devraient avoir droit à leur droit à la liberté d’expression et que l’inclusion de leur art en tant que preuve criminelle « ne sert qu’à éroder ce droit fondamental ».
« L’utilisation de paroles de rap et de hip-hop en particulier est emblématique du racisme systémique qui imprègne notre système de justice pénale », a-t-il déclaré.
Reste désormais à savoir comment ce projet de loi sera accueilli, et s’il sera adopté dans les semaines ou les mois à venir…
K.H