Notre CDJ est 7, comme les 7 jours que vont durer la fête de Kwanzaa qui se déroule du 26 Décembre au 01 Janvier.
Célébrée par des millions de personnes chaque année, Kwanzaa est une fête panafricaine, célébrant chaque année, du 26 décembre au premier janvier, l’africanité et l’humanité de ses participants. Bien que créée aux Etats-Unis dans un milieu militant, la popularité de cette fête en va aujourd’hui bien au-delà, touchant des Américains non-Noirs et des Afro-descendants du reste du monde.
Kwanzaa se base sur les sept principes fondamentaux (Nguzo Saba en swahili) :
Umoja (Unité) : L’unité qui nous rassemble
Kujichagulia (Auto-détermination) : Nous déterminerons qui nous sommes
Ujima (Travail collectif et Responsabilité) : Travailler et construire notre union
Ujamaa (Coopération économique) : Nous dépenserons notre argent sagement
Nia (But) : Nous connaissons le but de nos vies
Kuumba (Créativité) : Tout ce que nous touchons est plus beau
Imani (Foi) : Nous croyons que nous le pouvons, nous savons que nous le pouvons, nous le ferons par tous les moyens possibles
Kwanzaa fut créé en 1966 par Maulana Karenga, un activiste afro-américain alors étudiant à l’Université de Californie à Los Angeles qui avait acquis un leadership avec son organisation ‘Us’ dans la communauté noire pendant les émeutes de Watts. Son but originel était de promouvoir et réaffirmer les liens entre les Noirs d’Amérique et l’Afrique, pour se démarquer des fêtes de Noël apportées par les Blancs européens .
Alors que l’un des membres d’Us offre à sa fille une poupée noire pour Noël 1965, Karenga la rejette en lui disant que les membres de l’organisation ne devraient pas célébrer cette fête. En distinguant la fête chrétienne de Noël, qui est religieuse et selon lui légitime, et la fête culturelle de Noël, qui est selon lui une invention européenne, commerciale et inappropriée pour les Afro-Américains, il se met à rechercher une alternative à Noël pour l’année suivante.
Il se penche alors sur les cultures africaines, qui procèdent souvent à des célébrations agricoles lors de la moisson et du changement d’année et notamment sur l’Umkhosi, la célébration des premiers fruits chez les Zoulous d’Afrique du Sud, ou le Tedudu ou festival de l’Igname chez les Ewe d’Afrique de l’Ouest.
Il adapte celles-ci au contexte américain en y incluant les hommages aux ancêtres, le rassemblement de villageois, la fête, ou l’apparence du festival. en décembre 1966 a alors lieu la première célébration de Kwanzaa qui réunit lors de son dernier jour une cinquantaine de personnes, principalement des membres d’Us et leurs proches.
L’année suivante, Kwanzaa se propage en Californie, grâce à la médiation de Makinya Sibeko-Kouate. Puis en 1970, un atelier est consacré à Kwanzaa lors du Congrès d’Atlanta de 1970 organisé par Amiri Baraka en présence de leaders de l’activisme noir dans le monde, comme Louis Farrakhan, Jesse Jackson ou Betty Shabazz, la veuve de Malcolm X ; ou des maires noirs comme Richard Hatcher (Gary, Indiana) et Kenneth Gibson (Newark, New Jersey).
Mais malheureusement Kwanzaa n’ a pu échapper aux sirénes de l’économie et dans les années 80, des entrepreneurs noirs, anciens activistes du mouvement Black Power, commencèrent à commercialiser des articles relatifs à Kwanzaa, qui se trouvèrent dans tous types de boutiques. Kwanzaa se démocratisa et de par son aspect moins militant, il toucha de plus en plus de Noirs, devenant un symbole de la famille noire et non plus de l’identité africaine consciente des Afro-Américains ; puis il se répandit dans des crèches et des écoles publiques et Kwanzaa devint bientôt une sorte de fête nationale et commerciale. Des sociétés blanches créèrent des publicités pour du punch ‘100% africain’ sponsorisé par Minute Maid ; une publicité pour des costumes à porter pour cette fête fut produit pour la grande chaîne de supermarchés K-Mart. Jose Ferrer, un Noir créateur de la Kwanzaa Foundation a admis avoir travaillé afin de rendre Kwanzaa ‘marketable’ pour les grandes compagnies américaines.
Dans les années 90, une organisation destinée à protéger l’authenticité de la fête, la National Coalition To Preserve the Sanctity and Integrity of Kwanzaan, dirigée par Konrad Worrill et Hannibal Afrik fut particulièrement active pour dénoncer ce qu’il voyaient comme un dévoiement de ce qu’était cette fête dans les années 60 lors de sa création. Même Karenga, le créateur de la fête qui avait à plusieurs reprises exprimé sa peur de voir la commercialisation de Kwanzaa, fut accusé par la National Coalition d’avoir participé à la création d’un timbre de l’US Postal Service (L’équivalent de La Poste aux Etats-Unis) en 1997.
Son esprit est-il mort ? Non, puisqu’il en reste d’authentiques pratiquants aux Etats-Unis. Et que grâce à ceux-ci, il s’est propagé récemment dans d’autres lieux de la diaspora afro-descendante comme le Canada, la France, ou même au Brésil, où seul son nom est utilisé pour désigner le nom des fêtes du Jour de la Conscience Noire.
K.H