Notre CDJ est 10, comme le dixième anniversaire de la disparition de Cesária Evora.
C’était un 17 Décembre en 2011, celle qui était surnommée Diva dos pés descalços ( la diva aux pieds nus ) tiraient définitivement sa révérence.
La chanteuse est devenue une icône nationale en popularisant auprès du grand public la musique « morna », offrant au passage à son île une notoriété inédite. Sa voix sublime a chanté les mille nuances d’une nostalgie toute cap-verdienne jusqu’à sa mort. Cesària Évora a conquis la scène et le monde et n’a cessé d’influencer les artistes internationaux, reprenant ses titres de légende. Tout au long de sa vie, elle aura narré, avec ses inflexions si particulières et en créole portugais, la vérité de l’âme cap-verdienne. Charismatique, simple, volontiers rieuse, la diva aux robes fleuries et aux pieds nus a laissé une empreinte indélébile dans le paysage musical mondial.
Cesária Évora naît en 1941 à São Vicente. Fille de Justino da Cruz Évora et de Dona Joana, elle est issue d’une famille nombreuse et pauvre, composée de sept enfants. Son père était guitariste et violoniste, il utilisait comme instrument le cavaquinho, la guitare classique ainsi que le violon.
Alors qu’elle est âgée de sept ans, son père meurt brutalement. À la suite de cet événement, sa mère la place dans un orphelinat jusqu’à l’âge de treize ans. Là-bas, elle intègre la chorale où elle apprend à chanter.
C’est à l’âge de seize ans que Cesária Évora rencontre Eduardo, marin et guitariste portugais. Il lui apprend la musique cap-verdienne et les différents types de musiques traditionnelles, et l’incite à chanter dans les bars et les cafés avec d’autres musiciens.
Dans les années 1970, Cesária Évora est reconnue comme chanteuse dans tout le Cap-Vert. Le Cap-Vert, avant 1975, faisait encore partie de l’Empire colonial portugais. À la suite de l’indépendance du pays le 5 juillet 1975, le pays est dirigé par le Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert.
Celui-ci instaure un système politique monopartiste, ce qui entraîne plusieurs fermetures de bars et cafés. Cesária Évora voit ses revenus baisser et décide de mettre un terme à sa carrière, estimant qu’elle ne subviendra pas à ses besoins.
Cesária Évora plonge dans un silence qui dure dix années. À l’occasion de la célébration des dix ans de l’indépendance du Cap-Vert, poussée par son amie Isaura Gomes, elle enregistre un album à Lisbonne en compagnie d’autres artistes féminines capverdiennes.
En 1987 sa carrière est prise en main par José da Silva, un cheminot français dont la famille maternelle est originaire de Mindelo, qui l’a entendue dans une discothèque cap-verdienne, lors de son passage à Lisbonne.
Et c’est 1992 avec l’album Miss Perfumado et la chanson Sodade que le succès naît auprès du grand public. Cette chanson parle du travail forcé des Cap-Verdiens dans les plantations de cacao de Sao Tomé-et-Principe par le pouvoir colonial portugais.
En 2004 Cesária Évora reçoit un Grammy Award du meilleur album world music pour l’album Voz d’Amor (400 000 exemplaires vendus) et une Victoire de la musique, la deuxième, après celle de 1999 pour Café Atlantico. Elle participe cette même année à l’album Gaïa pour la préservation de l’environnement, où elle interprète Jangadéro.
En 2011, Cesária Évora annonce qu’elle met fin à sa carrière en raison de ses problèmes de santé. Elle décède le 17 décembre 2011 au Cap-Vert. En vingt ans seulement, elle est parvenue à conquérir la planète entière et a aussi légué un héritage, un savoir-faire qui permet aux artistes du Cap vert de rayonner partout dans le monde.
K.H