Notre CDJ est 83, comme l’âge auquel nous a quitté Pierre Rahbi. Depuis l’annonce de son décès beaucoup d’hommages sont partagés sur les réseaux.Mais qui était Pierre Rahbi, quelle était son œuvre et pourquoi était-il adulé par certains et détesté par d’autres.
Paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France. Il défend un mode de société plus respectueux des hommes et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles accessibles à tous et notamment aux plus démunis, tout en préservant les patrimoines nourriciers.
Depuis 1981, il transmet son savoir-faire en Afrique, en France et en Europe, cherchant à redonner leur autonomie alimentaire aux populations. Il a été reconnu expert international pour la sécurité alimentaire et a participé à l’élaboration de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification.
Auteur notamment de « Vers la sobriété heureuse », plaidoyer sur la joie de vivre dans la simplicité, vendu à plus de 460.000 exemplaires, il était une figure centrale de l’agroécologie, son mouvement Colibri a formé plusieurs générations d’agriculteurs, de chercheurs et de militants.
Quand on voit l’œuvre d’une vie de Pierre Rahbi, on a du mal à comprendre pourquoi il était aussi contesté par autant de personnes, tant en apparence son travail visait à améliorer, d’une certaine façon, le bien- être commun.Mais en cherchant un peu on constate que cet homme devenu prophète en son pays se révèle profondément conservateur, en matière de mœurs, tenant des propos homophobes, misogynes, se montrant par exemple plus que réservé sur la PMA, qu’il avait comparé sans la citer à « l’agriculture chimique ».
Dans un livre d’entretiens paru en octobre 2013 aux éditions Actes Sud, intitulé « Pierre Rabhi, semeur d’espoirs » le philosophe s’était vivement opposé au mariage pour tous, estimant que “la validation de la famille homosexuelle était “dangereuse pour l’avenir de l’humanité”, car “par définition inféconde”.
Quelques années plus tard, en 2018, il avait déclaré au journal Kaizen au sujet de l’égalité femmes-hommes: “Il ne faudrait pas exalter l’égalité”. “Je plaide plutôt pour une complémentarité : que la femme soit la femme, que l’homme soit l’homme et que l’amour les réunisse”.
Et tout ce cortège d’hommages rendus à l’annonce de son décès le samedi 04 Décembre, par notamment les élus écologistes et la gauche, sur les réseaux sociaux, a agacé ses détracteurs, rappelant notamment ses positions conservatrices sur d’autres sujets sociétaux. D’autres encore lui ont reproché ses liens avec l’anthroposophie, courant ésotérique accusé par ses détracteurs de «dérives sectaires». Des rappels qui ont suscité un certain embarras à gauche.
Ces accusations, qui pour cetains gagneraient à être davantage étayées, montrent en tous cas que la personnalité de Pierre Rabhi est décidément plus complexe et clivante que ne le pensaient bon nombre de ses admirateurs
K.H