Mon CDJ est 4, comme le nombre d’heures qui ont séparé Julius Jones de la mort. Son histoire est digne d’un blockbuster américain avec un suspens haletant et où on espère un happy end.
Julius Jones a été condamné en 2002 à la peine capitale pour le meurtre d’un homme d’affaires blanc, Paul Howell, qu’il a toujours nié. Il assure avoir été piégé par l’auteur du crime, avoir été mal défendu par ses premiers avocats, et avoir fait l’objet de discrimination lors du procès.
L’affaire suscite une vague d’indignation aux États-Unis notamment au coeur de la communauté afro-américaine. Pour dénoncer ce procès bâclé sur fond de racisme, une pétition contre l’exécution du détenu a déjà reçu plus de 6 millions de signatures
Ses recours en justice ont tous été rejetés et la famille de Paul Howell, notamment sa fille, reste convaincue de sa culpabilité. Les failles dans le dossier ont fait l’objet d’une série documentaire et d’un podcast, et fait basculer en sa faveur une partie de l’opinion.
Et parmi les personnalités qui se ont emparées de cette affaire il y’a Kim Kardashian qui a mentionné pour la première fois le cas de Julius Jones en 2019, avec elle on retrouve l’actrice Kerry Washington ainsi que le basketteur Russel Westbrook.
La mobilisation de millions de personnes a payé : les autorités de l’Etat américain d’Oklahoma ont renoncé le jeudi 18 novembre à exécuter Julius Jones qui toutefoisne pourra pas demander de nouvelles commutations, de grâce ou de remise en liberté conditionnelle jusqu’à la fin de sa vie », a précis un décret mis en ligne sur le site internet de cet Etat conservateur et rural du sud des Etats-Unis.
Au-delà des doutes sur sa culpabilité, l’exécution suscitait des interrogations, car Julius Jones devait recevoir un cocktail létal de trois substances soupçonnées de causer d’atroces souffrances.
L’Oklahoma avait renoué le 28 octobre avec les exécutions, après six ans de pause, en faisant usage de ce protocole controversé. John Grant, un Afro-Américain de 60 ans, a été secoué par des vomissements et des convulsions après la première injection, ont rapporté les journalistes témoins de la scène. Les services pénitentiaires ont assuré qu’il n’y avait « pas eu de complication », mais plusieurs voix ont dénoncé une violation de la Constitution américaine, qui interdit les « peines cruelles ».
Le protocole contesté combine un sédatif, le midazolam, et un anesthésiant, censés empêcher la douleur avant l’injection de chlorure de potassium à dose létale. Il avait été utilisé en 2014 pour exécuter Clayton Lockett, mais le condamné avait agonisé pendant 43 minutes dans d’apparentes souffrances.
En 2015, un autre condamné, Charles Warner, s’était plaint que son « corps brûlait » avant de s’éteindre, les bourreaux ayant utilisé un produit non conforme. La même erreur avait failli être reproduite en septembre 2015 et une exécution avait été reportée in extremis. A la suite de ces ratés, un grand jury avait ouvert une enquête et les autorités avaient accepté de suspendre l’application de la peine capitale. En 2020, elles ont finalisé un nouveau protocole et ont fixé en 2021 plusieurs dates d’exécution. Cinq exécutions restent prévues en Oklahoma d’ici mars 2022.
K.H