Mon CDJ est 218, comme le nombre d’années jour pour jour depuis le déroulement de la bataille de Vertières près du Cap-Français dans le (Nord d’Haïti), le 18 novembre 1803. Elle opposa les troupes commandées par le général de Rochambeau (envoyé par Napoléon) à celles du général Jean-Jacques Dessalines, qui marqua également la dernière bataille de l’expédition de Saint-Domingue.
La résistance des troupes menées par Dessalines et la 9e brigade, commandée par François Capois dit Capois la mort, mènent les résistants à la victoire finale, obligeant Rochambeau à capituler.
Au lendemain de la victoire, un officier français, Duveyrier, se rend aux sentinelles de Capois et est conduit au quartier général de l’armée haïtienne sur un cheval afin de lui offrir un cheval, le sien ayant été tué lors de la bataille, avec le message suivant : « Le capitaine-général Rochambeau offre ce cheval comme une marque d’admiration pour l’« Achille noir » pour remplacer celui que l’armée française regrette d’avoir tué ». Les pourparlers avec Dessalines durent une journée entière. Avant la tombée de la nuit, un accord est signé. Rochambeau obtient dix jours pour évacuer le fort de Vertières et embarquer les restes de son armée et quitter Saint-Domingue.
L’île est proclamée indépendante de la France officiellement le 1er janvier 1804 par l’Acte de l’Indépendance de la République d’Haïti lu par Dessalines aux Gonaïves. Haïti devient alors la première république noire au monde.
La bataille de Vertières est donc, et vous l’aurez certainement compris pour Haïti, la fin d’une longue et sanglante guerre de libération.
Mais malheureusement les choses ne s’arrêtent pas là et lors de la Seconde Restauration, le royaume de France ne reconnaît pas cette indépendance acquise contre la République française. En 1826, le roi Charles X réclame à Haïti une indemnité de 150 millions de francs or à la jeune république pour que la France reconnaisse son indépendance. En 1838, sous la monarchie de Juillet, cette dette sera allégée par le roi Louis-Philippe à 90 millions de francs et fut intégralement versée à la France en 1883. Le payement des intérêts de la dette contractée pour payer l’indemnité ne cesse qu’en 1952.
De fait , il semblerait que la bataille de Vertières soit un épisode qu’il faille s’empresser d’occulter de toutes les mémoires, un épisode qui amène les anciens esclaves de Saint-Domingue à proclamer l’indépendance de la colonie et qui est aussi le seul exemple d’une abolition de l’esclavage obtenue directement par d’anciens esclaves.
On comprend que, dans ces conditions, la perte de Saint-Domingue soit un choc national refoulé. Un oubli qui passe sous silence le fait que ce ne sont pas moins de 70 000 hommes que Napoléon aura envoyés dans le seul but de rétablir le système esclavagiste à Saint-Domingue. 55 000 d’entre eux y ont perdu la vie, victimes des anciens esclaves ou des fièvres. L’évènement n’entrera pas dans les livres d’histoire de la France qui a préféré retenir une autre défaite de Napoléon et de ses troupes lors de la campagne de Russie , près de la rivière Bérézina, 9 ans plus tard en 1812.
K.H