Le Chiffre Du Jour est 1610, comme le nombre de guyanais ayant participé à la première guerre mondiale dont 275 n’en sont jamais revenus. Je vous parle aujourd’hui parce que en hier c’était le 11 novembre et nous commémorions la signature de l’armistice du conflit de 14-18.
La France faisant partie des belligérants est allée piocher dans ses colonies des forces supplémentaires afin de faire face à une opposition allemande qui était assez rude. Et donc les outre-mer qui n’étaient pas encore des départements se sont retrouvés engagés dans cette guerre avec pour la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane une totalité de 16743 soldats dont nos 1610 participant à cette guerre.
Alors les choses n’ont pas été faciles puisqu’au côté d’unités provenant principalement d’Afrique du Nord (73 000 Français d’Algérie, 170 000 Algériens, 60 000 Tunisiens, 40 000 Marocains) et de l’Afrique-Occidentale française (AOF), qui aligne 163 000 soldats. On comptait aussi 40 000 incorporés malgaches et 50 000 Indochinois, la France affichait une force militaire issue de ses colonies d’environ 550 000 soldats, qui a dû s’habituer à des températures basses lors de l’hiver, avec une certaine résistance qui en a étonné plus d’un.
Cette résistance s’explique par l’endurance des soldats d’Afrique du Nord (au climat proche de celui du Midi de la France). Les tirailleurs africains et certaines unités domiennes, ne sont envoyés au front que d’avril à octobre, pour leur éviter d’être exposés aux grands froids.
Alors les Allemands qui étaient présents au Togo et au Cameroun n’ont, eux de leur côté, pas fait appel à leurs forces coloniales notamment parce qu’ils étaient coupés d’accès à leurs colonies.
Il faut également noter que les troupes venues d’outre-mer ont participé à toutes les batailles importantes : Verdun en 1916, le Chemin des Dames en avril 1917, la défense de Reims en juillet 1918… Mais, à la différence de la Seconde Guerre mondiale, la faiblesse relative de leurs effectifs ne leur a pas permis de jouer un rôle essentiel dans les combats.
Et comme vous pouvez l’imaginer le racisme a également trouvé sa place dans ce conflit et les attaques à caractère raciste se sont focalisées sur l’emploi de troupes noires, prétendues barbares. Elles se sont surtout développées après la guerre, au moment de l’occupation de la rive gauche du Rhin par l’armée française, qui comptait des unités africaines. En revanche, les prisonniers faits par les Allemands ne paraissent pas avoir été maltraités. Alliés aux Turcs, il leur était par ailleurs difficile de critiquer l’engagement de soldats originaires d’Afrique du Nord dans les rangs français.
Et pour terminer après les remerciements, on été plutôt discret puisque les soldats « indigènes » ont obtenu des récompenses comparables à celles des Français en matière de décorations, de soldes et de pensions. Mais en revanche, pour d’autres, la citoyenneté, contrairement à quelques espérances, n’a pas été étendue aux colonies. Petite consolation, lors des défilés militaires, après la guerre, les troupes coloniales sont les plus applaudies, avec la Légion. L’opinion française s’habitue à compter sur l’aide des populations d’outre-mer pour sa défense.