Une vidéo circule depuis hier sur les réseaux sociaux où l’on voit une interpellation par des policiers de la Paf (Police aux frontières). La scène se déroule à Saint-Georges de l’Oyapock. Les deux vidéos diffusées sur les réseaux montrent une interpellation musclée et les commentaires, en portugais, dénoncent des violences. Les spectateurs parlent d’étranglement et de coups de feu. La préfecture a communiqué ce matin sur Twitter et évoqué un pirogue qui a foncé sur les policiers de la Paf.
Selon nos informations, en effet, au cours d’un banal contrôle de pirogue sur le fleuve Oypaock, l’intervention a failli virer au drame. Le piroguier qui conduisait l’embarcation a refusé de se soumettre au contrôle des policiers français malgré son identification en tant que Police aux frontières. Le directeur de la Paf en Guyane, Thierry Baurès explique : « Le piroguier a foncé à deux reprises sur l’embarcation de la Paf. La première fois, un des agents a sorti son arme et l’a pointé en direction des personnes sur la pirogue qui venait de les percuter. La seconde fois, il est tombé. Il a failli passer par-dessus bord. Et c’est en tombant qu’un coup de feu accidentel est parti. Fort heureusement, le tir n’a touché personne. »
Une fois à terre, les personnes à bord de la pirogue ont pris la fuite en direction du centre du village. Un jeune toutefois a été contact des policiers « qui l’ont interpellé car il était violent » indique à Mo News une source proche de l’enquête. Le jeune tout juste âgé d’une vingtaine d’années a frappé les agents de la Paf, en blessant un d’un coup de pied dans les côtes et le second en lui mordant sévèrement la main, leur occasionnant à tous les deux 8 jours jours d’ITT (Interruption temporaire de travail) de 8 jours selon le certificat établi par un professionnel de santé, comme c’est systématiquement le cas lors de violences volontaires et qu’une plainte est déposée.
« Un individu violent »
L’interpellation a donc bien été musclée selon une autre source présente à Saint-Georges et les agents de la Paf ont reçu le soutien d’autres forces de l’ordre pour maîtriser l’individu, qui n’est pas le piroguier, contrairement à l’information qui a pu circuler sur les réseaux. Toujours selon cette source présente sur place, les policiers auraient repoussé une femme présente sur les lieux qui aurait tenté de s’interposer. Sur l’une des vidéos, ce fait est annoncé comme étant une violence policière envers une femme, qui n’a toutefois pas porté plainte. Toujours sur la vidéo, certains commentaires affirment que les policiers ont étranglé le jeune homme. Du côté des forces de l’ordre, on rappelle qu’il s’agissait « d’un individu très agressif, qui a blessé deux agents et qui refusait de se laisser interpeller ». Le jeune homme a finalement été arrêté et placé en garde à vue. L’enquête a été confiée à la gendarmerie et non à la Paf, parce que c’est un fait du ressort de la gendarmerie et que des agents de la Paf ont été concernés et blessés.
Emotion de l’autre côté de la frontière
Les habitants de la frontière franco-brésilienne utilisent beaucoup les groupes d’informations WhatsApp pour relayer les faits divers. Plusieurs vidéos de l’abordage circulent de manière intensive sur les réseaux. Sur ces vidéos, les internautes déplorent la violence avec laquelle l’individu est maîtrisé. Une femme supplie : « monsieur, vous voulez faire votre travail, mais vous êtes en train de l’éttouffer » et demande aux policiers « d’arrêter d’éttoufer le jeune » qui était à terre. Sur les groupes, les internautes se montrent choqués et exaspérés par la scène.
Dans une autre vidéo, où la personne commente en portugais on entend dire : « ils ont tiré sur le piroguier, vous n’avez vu ». Le tir a été confirmé à Mo News par le patron de la Paf (voir ci-dessus) qui parle d’un tir accident faisant suite au second assaut de la pirogue brésilienne sur la patrouille de la Paf alors que le policier avait lourdement chuté dans l’embarcation de la Paf.
Les vidéos ont fait le buzz dans les groupes frontaliers. Pour rappel, malgré la réalité du terrain, la frontière est fermée officiellement. Mais il existe une tolérance locale pour que les habitants puissent s’approvisionner du côté brésilien. Ce début de conflit avec les piroguiers met en lumière le manque de protocole de circulation pour les habitants du fleuve à la frontière franco-brésilienne selon un habitué des traversées d’une rive à l’autre joint par Mo News.
Pour rappel, la circulation sur le fleuve reste interdite, toutefois il reste possible de faire une demande auprès de la préfecture pour passer par le pont qui relie Saint-Georges à Oiapoque.