La fusée Ariane 5 s’est élancée ce samedi soir à 23h04 depuis la base spatiale du CSG (Centre spatial guyanais) à Kourou. À son bord, elle a embarqué deux satellites : SES-17, un satellite de télécommunications développé par SES (Eutelsat) et Syracuse 4A, qui est un satellite français de communications militaires. Ce lancement a été exceptionnel à bien des égards. Ce lancement a permis de battre 3 records en une fois. Ces deux satellites ont été construits par Thales Alenia Space et été mis sur une orbite de transfert géostationnaire.
En attendant James Webb
Le prochain grand événement pour Ariane 5, ce sera le 18 décembre prochain, avec la mise sur orbite attendue par le de James Webb. C’est le plus grand téléscope, successeur désigné de Huble. Le téléscope géant est déjà arrivé en Guyane depuis une dizaine de jours et les ingénieurs de l’Esat et d’ArianeSpace, disposent d’un peu moins de deux mois pour finalise ce qui sera le plus grand et plus coûteux lancement de l’année dans le monde.
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Trois records pour Ariane 5
Cette 111e mission d’Ariane 5 a été marquée par trois nouveaux records établis pour le lanceur européen. Avec un emport total de 11,2 tonnes au décollage, c’est la charge utile la plus lourde jamais lancée par Ariane 5. Ce lancement a battu d’environ 300 kg le précédent record du vol VA237, qui remonte à 2017. La masse nette cumulée de ses deux charges utiles a atteint 10,263 kg lors de leur séparation (6,411 kg pour SES-17 et 3,852 kg pour Syracuse 4A). C’est donc la charge utile la plus élevée jamais lancée en orbite de transfert géostationnaire à ce jour.
Les différentes étapes, juste avant et après le lancement d’Ariane 5 ce samedi soir depuis la base spatiale de Kourou (DR)
SES-17, le plus puissant d’Eutelsat, va réduire la fracture numérique
SES-17 est le satellite le plus puissant jamais réalisé par Eutelsat a annoncé à plusieurs reprises SES. Il a été conçu pour offrir aux clients l’expérience d’une connectivité permanente, ultra rapide et flexible, quel que soit l’endroit où ils se trouvent : sur terre, en mer ou dans les airs. Il permettra aussi de réduire la fracture numérique en Amérique en permettant à près de 182 millions de personnes, qui jusqu’à aujourd’hui ne pouvaient pas avoir accès à internet, de pouvoir enfin se connecter.
SES-17 va se trouver sur la position de 67,1 Ouest. Cette position orbitale va lui permettre au satellite d’Eutelsat de couvrir tout le continent américain du nord au sud, l’océan Atlantique et les Caraïbes et ce pendant au moins 15 ans.
SES-17 peut aussi ajuster le volume de bande passante utilisée en fonction des demandes de connectivité en temps réel des clients, ainsi que la puissance des amplificateurs pour doper le signal dans les régions où la demande est forte. Par exemple, l’une des missions de ce satellite est de servir le marché de l’aviation. SES-17 permet par exemple d’offrir aux clients de référence d’Eutelsat, une connectivité homogène aux passagers et membres d’équipage aux heures de pointe et sur les lignes aériennes les plus fréquentées. Par exemple, le matin et le soir, les routes aériennes entre New-York et Los Angeles sont très fréquentées, SES-17 peut donc créer un « couloir de capacité » qui épousera ces routes afin de fournir beaucoup de capacité le matin et le soir, et réaffecter cette capacité ailleurs le reste de la journée.
Enfin, si une catastrophe endommage les infrastructures télécom au sol, SES-17 peut allouer de la capacité sur la zone concernée le temps des secours et de la reconstruction.
Tout savoir sur Syracuse 4A
« Syracuse 4A est conçu pour résister aux agressions militaires depuis le sol et dans l’espace ainsi qu’au brouillage » , a expliqué ce soir le colonel Stéphane Spet, porte-parole de l’armée de l’Air et de l’Espace. Il est équipé de moyens de surveillance de ses abords proches et d’une capacité de déplacement pour échapper à une agression. Syracuse 4A est protégé contre les impulsions électro-magnétiques qui pourraient résulter d’une explosion nucléaire.
Syracuse est un programme militaire ambitieux qui représente un investissement total de quelque 4 milliards d’euros par la France. Rien que pour celui-ci, la Direction générale de l’armement (DGA) s’est engagée avec Thalès à hauteur de 354 millions d’euros et avec Airbus pour 117 millions pour ce satellite. À terme, la France disposera de 400 stations capables de communiquer avec Syracuse 4A depuis le sol, un aéronef, un navire ou un sous-marin.