« Ce que l’on redoutait arrive. Les chiffres nous dépassent. » Ces mots sont ceux du préfet Thierry Queffelec, à propos de la situation sanitaire, ce lundi matin lors de son discours aux élus, en ouverture du congrès des maires de Guyane, qui a lieu pendant deux jours au Mercure Royal Amazonia à Cayenne.
» Nous devrons prendre des décisions cette semaine »
Désormais, ce qui se murmure depuis plusieurs jours, s’approche à grand pas. La Guyane devrait être reconfinée dès cette semaine. Le confinement, envisagé pour une durée de 3 semaines, devrait être annoncé mercredi à l’issue de la prochaine CIC (Cellule interministérielle de crise) avancée de 24 heures, puisque jeudi sera un jour férié et que les autorités veulent aller au plus vite face à la hausse conséquente des chiffres cette dernière semaine. Le préfet Thierry Queffelec a précisé son propos en expliquant : « Nous devrons prendre des décisions cette semaine. Ça va être difficile » . Même ton du côté du ministre des outremers Sébastien Lecornu. Dans une vidéo enregistrée depuis la Polynésie française où il est en déplacement, Sébastien Lecornu a expliqué que la situation imposait la « mise en place de nouvelles mesures de freinage dès cette semaine » . Fait exceptionnel, le ministre participera d’ailleurs en visio à la prochaine CIC.
Les chiffres mauvais, oui mais…
Les derniers chiffres Covid sont mauvais et reflètent une tendance haussière indiscutable. Depuis une semaine le seuil des 150 nouveaux cas quotidiens est franchi. Ce week-end, 278 nouveaux cas ont été enregistrés en 72 heures. Deux décès supplémentaires ont été recensés portant à 106 le nombre de personnes décédées des suites du Covid19 depuis le 4 mars 2020, soit 6 décès supplémentaires en une semaine. La pression hospitalière augmente également sensiblement avec 85 personnes hospitalisées dont 64 classiques et 21 en réanimation. C’est justement le nombre qui créent le plus d’inquiétude auprès des autorités. Le préfet Thierry Queffelec a expliqué aux maires « ne pas vouloir se retrouver à faire des choix de savoir qui sera pris en charge en priorité » . A cela, et le ministre des outremers Sébastien Lecornu a insisté sur ce point lors de son allocution, « la vaccination n’est pas encore assez développée : « La vaccination est un progrès et une protection à laquelle il faut répondre » . Du côté de l’ARS, on plaide depuis quelques temps déjà pour un renforcement des mesures de freinage et le reconfinement n’est plus murmuré qu’à basse voix certains expliquant que « cette option est sur la table » . Sauf que le taux d’incidence à l’échelle de la Guyane est de 314 pour 100 000 habitants ce lundi, ce qui représente une forte hausse de près de 100 points en une semaine, mais qui n’atteint pas le seuil d’alerte fixé par le président de la République Emmanuel Macron en fin d’année dernière, à 400 pour 100 000 habitants, et qui moins important que les seuils qui ont entraîné le reconfinement dans l’hexagone.
Mais il y a, outre l’augmentation du nombre de cas, et la présence des variants brésiliens et anglais dans une moindre mesure, les échéances électorales qui devraient peser dans la balance et provoquer un reconfinement, même si les chiffres n’ont pas encore atteints les seuils d’alerte maximum. Selon un observateur aiguisé de la vie publique, « l’État veut sécuriser la bonne tenue des élections. Or, il préférera confiner dès maintenant et pour trois semaines, plutôt que de laisser les chiffres augmenter jusqu’en juin et se retrouver à devoir confiner au moment des élections. Mieux vaut traiter le problème dès maintenant que de se retrouver le dos au mur dans un mois » explique donc cette figure de la vie publique.
À noter qu’aucun représentant étatique, ni préfet, ni directrice générale de l’ARS, ni le ministre des outremers n’ont prononcé le mot « reconfinement » . Réponse mercredi.
Le reconfinement pourrait être en vigueur dès cette semaine.