L’arrivée massive de centaines de migrants haïtiens, venus via le Suriname provoque une vive incompréhension et colère en Guyane. En premier lieu, c’est la traversée, qualifiée facile, de la frontière entre Albina et Saint-Laurent qui a commencé à troubler les habitants alors que lesdites frontières sont censées être fermées. Le deuxième fait qui a fait monté la pression, ce sont les longues files d’attente de migrants devant la sous-préfecture à Saint-Laurent. Et la 3e source de colère, ce sont les laissés passés accordés par la sous-préfecture pour que les migrants, des réfugiés, puissent rejoindre Cayenne, pour faire leur demande. Ce qui fait que les migrants haïtiens, entrés illégalement sur le territoire guyanais, peuvent traverser le PCR (Point de contrôle routier) d’Iracoubo, sans motif impérieux et sans test, pour rejoindre la ville préfecture. Certains toutefois, qui n’ont pas le laisser passer de la sous préfecture sont contraints de retourner dans la capitale de l’ouest pour refaire une demande aux autorités avant de pouvoir enfin retourner sur Cayenne.
Le contraste avec « les contraintes imposées aux Guyanais » et les « craintes de voir importer de nouveaux et nombreux cas de COVID19 » et de « laisser venir une immigration non contrôlée » sont régulièrement et vigoureusement dénoncées par la population sur les réseaux sociaux.
Ce mardi en fin de matinée, le président de la CTG (Collectivité territoriale de Guyane) Rodolphe Alexandre, le vice-président du Sénat Georges Patient et le député de la seconde circonscription de Guyane Lénaïck Adam, ont rencontré dans un premier temps, le préfet Thierry Queffelec. Ils leur ont fait par de leur « mécontentement notamment concernant les arrivées récentes de demandeurs d’asile parvenus clandestinement sur notre territoire. »
Les élus majeurs de Guyanee ont dénoncés auprès du préfet, le fait que ces « arrivées sont le fruit d’une corruption manifeste et de trafics de personnes organisés aux plus niveaux ! » . Par ailleurs, ils ont conclu en précisant que « c’est d’autant plus révoltant de constater les dispositions prises en ce moment à l’encontre de nos compatriotes qui voyagent de la Guyane vers l’Hexagone lorsqu’en parallèle ces nouveaux arrivants obtiennent des laissez-passer aussi aisément et sans test PCR de moins de 36h ! »
Le préfet Thierry Queffelec rappelle les règles du droit d’asile
Ce mardi après-midi, la préfecture a réagit à travers un communiqué de presse dans lequel le préfet rappelait les règles du droit d’asile. » Dans ce contexte une démarche diplomatique a été immédiatement avancée, entraînant une mesure forte avec le gel des vols entre Haïti et le Suriname depuis le 18 avril 2021. Aujourd’hui 555 personnes, dont des mineurs non accompagnés, sont arrivées au Suriname. Pour l’heure, 143 personnes munies d’un test PCR négatif de -72h eures ont reçu à Saint-Laurent du Maroni, des autorisations de passage pour franchir le poste de contrôle routier d’Iracoubo, afin de déposer leur dossier dans un délai de 48h auprès de la Plateforme d’accueil pour les demandeurs d’asile (PADA). Au-delà du traitement administratif individuel des demandeurs d’asile, dont le délai a été ramené à 2 mois en Guyane, des enquêtes sont réalisées en. France, comme au Suriname, sur des possibles filières criminelles organisées, introduisant clandestinement des personnes sur notre territoire. » Le préfet Thierry Queffelec voulait donc exprimer sa » fermeté » sur ce sujet. La préfecture rappelle en outre qu’elle « ne fait qu’appliquer les règles de droit ».
Une lettre au président de la République
Ce mardi soir, le président de la CTG Rodolphe Alexandre, le vice-président du Sénat Georges Patient et le député Lénaïck Adam sont revenus à la charge, en écrivant directement au président de la République Emmanuel Macron. Dans ce long courrier, les élus appellent à l’aide l’état face à la « situation alarmante liée à l’immigration illégale » . Ils rappellent que « ces Haitiens ont pu facilement passer la frontière » . Ils dénoncent vivement le fait que « la sous-préfecture de Saint-Laurent à ordonné la délivrance expresse d’un nombre important de laisser passer pour permettre à toutes ces personnes de franchir le barrage d’Iracoubo afin qu’elles puissent rejoindre Cayenne ». Les 3 élus parlent du Suriname comme d’un « pays qui puisse mettre en place, par des trafiquants d’êtres humains d’un véritable pont aérien à des fins d’acheminement clandestin » . Les élus demandent enfin des moyens supplémentaires pour juguler ce phénomène.
Georges Patient, Lénaïck Adam et Rodolphe Alexandre, ensemble ce mardi, ont travaillé sur ce dossier épineux