Un vent de renouvellement souffle sur l’Église catholique, depuis que le nouvel évêque a entamé des procédures à l’encontre de plusieurs prêtres du diocèse, soupçonnés de faits graves et contraires à leurs engagements.
« Le changement c’est maintenant » dans l’Église catholique en Guyane. Manifestement de profondes mutations sont opérées par Monseigneur Alain Ransay, afin de rétablir un fonctionnement, normal, selon le « magistère romain », dans le diocèse qu’il dirige depuis le 6 février 2022.
Suite au départ de son prédécesseur et avec l’encadrement d’une nouvelle équipe dans le Presbyterium de Guyane, les langues se délient et certaines pratiques sont mises à jour et prouvées par des fidèles, des victimes ou autres acteurs directs de la vie ecclésiastique.
Disparition d’argent
Dans la plus emblématique des églises, la cathédrale de Cayenne : « Les billets sont de retour, quand rentrent les quêtes du week-end. Les sommes récoltées sont beaucoup plus importantes qu’avant », nous confie un proche du dossier qui précise que la fréquentation n’a pas pour autant doublé.
« Les détournements de fonds des deniers du culte déposés par les fidèles étaient donc avérés ». Depuis la mise en place de contrôles renforcés et surtout de comptages « collectifs » des sommes perçues, « on a le sentiment que la récolte est plus proche de la réalité », rajoute-t-il.
Même constat dans cette autre paroisse du département, ou l’ancienne collaboratrice (bénévole) d’un prêtre a été remerciée du jour au lendemain, parce qu’elle avait signalé, des transferts de fonds « douteux », vers un pays de la Caraïbe. « Une grosse partie de l’espèce des messes du week-end, ne rentrait pas dans les caisses de la paroisse, mais partait via Western Union dès le lundi », nous confirme un témoin qui souhaite garder l’anonymat par peur de représailles.
Les histoires d’argent seraient monnaies courantes dans plusieurs communes, ou certains prêtres n’hésitent pas à « facturer » leurs déplacements ou messes privées à domicile. 50 euros en moyenne, selon nos investigations, ce qui est totalement, contre la pratique religieuse qui considère que « l’Homme d’Église travaille pour Dieu » et que la moindre rétribution d’un tiers, ne peut avoir que pour destination « la communauté, c’est-à-dire la paroisse ou le diocèse ».
« Dieu donne gratuitement, recevez gratuitement »
Interrogé par Mo News, des fidèles nous ont raconté avoir eux-mêmes, refusé des billets proposés par certains prêtres en échange de services, le week-end avant ou après la messe. Surtout que ces ouailles, servent généralement bénévolement et volontairement, c’est un peu leur contribution à la vie du clergé.
Pratiques mystiques
L’un de nos témoins est un homme bien intégré dans l’activité de la vie catholique en Guyane, depuis plusieurs années. S’il craint aujourd’hui pour sa sécurité, c’est parce qu’il a déjà surpris « des messes noires », souvent le soir, loin des regards des fidèles. « Dans ces mêmes églises où se tenaient quelques heures plus tôt « la Sainte eucharistie ». Il nous confie aussi avoir vu passer sur les réseaux sociaux, des vidéos dans lesquelles, des prêtres exerçant actuellement en Guyane vantent et pratiquent même le vaudou.
À notre question : ne seraient-ce pas des montages ? Sa réponse est claire : « Pas du tout, surtout que ces mêmes prêtres ont eu à encourager, des fidèles malades ou en difficultés, à se rendre chez ces fameux « gadô ». Drôle de conseils, pour des personnes sensées détourner leurs fidèles de toutes pratiques mystiques.
Le calvaire de l’Église catholique ne s’arrête pas à ces pratiques surprenantes et pour certaines passibles de sanctions pénales.
Dérives sexuelles
On apprend, en effet, que des témoignages accablent plusieurs prêtres toujours en poste à ce jour. Certains qui vivent de manière avérée avec une femme, d’autres soupçonnés d’attouchements et de pratiques sexuelles, envers des fidèles de tous âges, des mineurs parfois même.
D’après nos informations, une longue enquête interne a été menée par l’Évêque et son staff. « Mgr Ransay, étant quelqu’un de conciliant, il nous a demandé des preuves tangibles avant d’accuser qui que ce soit », nous rapporte cette autre source proche de son entourage.
Des documents effarants et troublants ont été remontés au patron de l’Église en Guyane, qui a transmis les informations en sa possession, à ses supérieurs du Vatican.
À Rome, ce dossier est pris très au sérieux, d’autant que les dirigeants du catholicisme prônent la transparence et encouragent leurs représentants dans le monde à signaler les moindres travers qui pourraient entacher, l’image de l’Église Catholique déjà bien égratignée.
Des prêtres remplacés
En attendant, pour la Guyane, des mesures concrètes ont été prises par les autorités et supérieurs des congrégations représentées ici.
Suite aux enquêtes menées et aux preuves apportées, ces responsables venus du Vatican et de la Caraïbe ont conduit le nouvel évêque à se séparer d’une partie de son clergé. Les prêtres concernés, une dizaine selon nos informations, devraient donc quitter notre département, où ils étaient en mission, pour retrouver d’ici le mois prochain leur paroisse d’origine.
Des décisions qui ne font pas l’unanimité dans le cercle des prêtres en question. Certains l’ont très clairement d’ailleurs fait savoir à leur supérieur. Déjà au moment des restrictions, pour permettre au diocèse de retrouver l’équilibre financier, ils s’étaient plaints des intentions de l’Évêque de réduire leur salaire.
On apprend ainsi que des curés de Guyane perçoivent près de 1700 € par mois, sans compter la mise à disposition gratuite d’un logement (eau et électricité comprises), impôts assurés par le Diocèse. C’est bien plus que dans l’Hexagone où les traitements mensuels varient plutôt autour de 900€.
Il faut dire que l’Alsace-Moselle et la Guyane restent les deux seules exceptions françaises à la loi de 1905.
En réalité, les prêtres de France et de Navarre, sont censés percevoir un traitement composé de deux ressources différentes. D’un côté, une allocation, à laquelle s’ajoutent les offrandes de messes.
« Les généreux avantages » accordés aux prêtres en Guyane pourraient expliquer la réticence de certains à quitter cette situation ou « ce statut ».
Comme on aime à le rappeler dans l’entourage de l’évêque : « ces changements douloureux casseront certaines habitudes installées (pertes d’avantages sociaux, cordiaux et surtout financiers) toutefois qui leur étaient nécessaires pour leur bien-être ».
La population catholique de Guyane semble « se diriger vers une nouvelle ère », que beaucoup appelaient de leurs vœux depuis des années ».
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