Notre CDJ est 40, 40 ans depuis la fermeture du BUMIDOM, le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer fut un organisme public français chargé d’accompagner l’émigration des habitants des départements d’outre-mer vers la France métropolitaine.
Créé en 1963 par Michel Debré, le Bumidom était censé résoudre les différents problèmes vécus dans les anciennes colonies (chômage, forte natalité, pauvreté…), devenues département d’Outre-mer en 1946. Il réussit surtout à déplacer près de 160 000 personnes en vingt ans, offrant ainsi une main-d’œuvre bon marché à une métropole en manque de bras, sans pour autant apporter de véritables solutions dans les DOM concernés.
Le Bumidom était également vu comme un moyen de diminuer l’influence des mouvements indépendantistes antillais qui, dans les années 1960, se renforçaient.
Il a organisé la venue en métropole de 70 615 personnes entre sa création et décembre 1981. Cela représente 44,7 % d’un total de 157 000 migrants venus d’outre-mer s’installer en France métropolitaine durant cette période, les autres se déplaçant dans le cadre de leur service militaire, d’une mutation de la fonction publique ou d’une migration plus spontanée.
La politique migratoire du Bumidom n’a pas concerné les ressortissants de la Guyane, celle-ci ne connaissant pas les problèmes de surpopulation constatées dans les autres principaux départements d’outre-mer. La Guadeloupe et la Martinique ont émis respectivement 16 562 et 16 580 migrants durant la période citée ci-dessus. La Réunion en a émis 37 473, soit plus de la moitié du total. Ils sont majoritairement originaires du sud de l’île, des Avirons à Saint-Philippe. La surcharge démographique y est critique. La population y est majoritairement blanche et donc réputée mieux susceptible de s’adapter à la vie européenne.
On promet aux Domiens un bel avenir dans l’Hexagone, avec formation et emploi à la clé. Le billet aller est financé par le Bumidom. Mais à l’arrivée les espoirs sont souvent douchés. Les emplois sont en bas de l’échelle, les Domiens découvrent l’isolement, la précarité… et la discrimination.
Petit à petit, le Bumidom est contesté. En 1968, son antenne parisienne est saccagée, sur les murs des inscriptions sont taguées: « A bas l’impérialisme français et ses valets. Vive les Antilles libres ».
En 1977, Aimé Césaire, député du centre de la Martinique, à qualifier cette tendance de « génocide par substitution ». La prise de position de ce dernier reflétait la crainte de voir ressurgir le spectre du colonialisme par le transfert dans les départements d’Outre-mer de fonctionnaires métropolitains et à l’inverse l’éloignement des jeunes antillais. Pour Aimé Césaire, les ressources dont disposaient les nouveaux arrivants et l’idéologie dont ils étaient porteurs, les plaçaient dans une position de force.
Pour autant, les départs se poursuivent. Au début des années 80, plus de 260 000 Domiens ont migré dans l’Hexagone. Puis, petit à petit le besoin de main d’œuvre diminue. En 1981 le Bumidom disparaît, au profit de l’ANT: Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’Outre-mer. Qui elle-même, deviendra LADOM, l’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité.
K.H