Le Musée des cultures guyanaises continue son bonhomme de chemin. Niché rue Madame Payée, il était dirigé depuis plus de 30 ans par Marie-Paule Jean-Louis. Le Musée a donc vu Christian Noco prendre la présidence à la faveur des dernières élections à la CTG. Il compte, malgré la crise, continuer à mettre en valeur les cultures guyanaises et ce, plus que jamais.
Parmi toutes les maisons qui s’élèvent le long de la rue Madame Payé, au numéro 78, se trouve une magnifique maison créole, style gingerbread, bicolore (bleu et jaune) et rénovée au cours du siècle : le Musée des cultures guyanaises. C’est un lieu de mémoire et d’histoire dirigée par la conservatrice en chef du patrimoine en Guyane, Marie-Paule Jean-Louis.
Le musée rassemble le trésor culturel guyanais. Marie-Paule Jean-Louis, celle avec qui l’aventure a commencé, ne mâche pas les mots, quant à parler de son implication, sa passion, ou du moins, des différentes missions du musée. « J’ai eu un parcours autour des recherches patrimoniales, je suis d’ailleurs titulaire d’un doctorat de 3ème cycle en Lettres. « J’ai toujours été sensibilisée à ce qui a trait aux différentes cultures de Guyane. Cela a donc été très naturel pour moi de commencer à travailler sur un projet comme celui-là, celui de mettre en place un musée. Je me souviens… Il y a plus d’une trentaine d’année, en 1988, j’ai été amenée à construire à la fois une structure mais aussi à mettre en place des collections afin de réaliser, pour le compte du conseil régional de l’époque, un Musée des arts et traditions populaires de Guyane. J’ai travaillé avec des chercheurs, des anthropologues et des ethnologues qui se sont rendus sur le terrain et qui ont pu collecter des pièces représentatives du patrimoine culturel guyanais. »
Des liens avec le Belém et Paramaribo
Effectivement, le musée est jusqu’à aujourd’hui une institution qui place sous une grande lampe une collection d’objets ethnographiques résultant de la diversité ethnique de la Guyane. On y retrouve ainsi l’héritage culturel des premiers peuplements amérindiens, des bushinengés ou encore celui des groupes d’immigration récente, tels les Haïtiens, les Hmongs, les Brésiliens qui est valorisé et mis à la disposition des générations actuelles et futures.
Plusieurs actions créent des liens entre le musée et la Guyane mais ces liens ne se cloisonnent point. Le Musée des cultures guyanaises est comme les mailles d’une longue chaine culturelle, il s’ouvre sur le monde et bénéficie de plusieurs accompagnements. « Le musée a le label, Musée de France. Ce label a été obtenu il y a quelques années et il nous permet de nous faire connaitre à travers le monde. » Plusieurs collaborations se font également avec le Brésil et le Suriname.
« Nous avons réalisé une opération qui s’intitule Réseau des Musées d’Amazonie qui nous a permis de tisser des liens assez étroits avec nos collègues d’autres musées voisins »
L’opération Réseau des Musées d’Amazonie, initiée depuis décembre 2010, réunit le Museu Paraense Emilio Goeldi Size à Belém, le Stichting Surinaams Museum à Paramaribo, et le Musée des cultures guyanaises de Cayenne. Le musée Alexandre Franconie a rejoint le réseau en 2014. Les musées se sont engagés à construire un réseau destiné aux institutions œuvrant à la conservation, à la diffusion et à la valorisation des cultures du plateau des Guyanes. De plus, une convention a été signée avec le musée du Quai Branly à Paris.
La restitution du patrimoine au grand public se fait avec un certain dynamisme. Tout est pensé, tout est créé, tout bouge. « Les expositions font la force de ce musée » nous dit Marie-Paule pour exprimer sa satisfaction. « Le public revient toujours. Il revient parce qu’il a toujours quelque chose de nouveau à voir au musée. » Il y a eu des expositions sur le grand incendie de Cayenne, sur l’esclavage, sur les rues de Cayenne… Elle souligne que l’équipe fait toujours en sorte de proposer des expositions sur des points historiques importants de la Guyane dans le but de permettre à la population d’être à jour quant à leur histoire. « L’objectif c’est de faire connaitre, faire découvrir notre patrimoine culturel et historique, faire en sorte vraiment que chacun puisse se reconnaitre à travers ce musée. »
Quoi qu’il arrive, ça bouge toujours au musée !
Le musée c’est aussi le mouvement, l’action, l’animation, les ateliers, les rencontres littéraires… L’opération « Ça bouge au musée » se poursuit jusqu’à la fin du mois. En septembre, il y aura encore du mouvement les 18 et 19 à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine. La première directrice nommée du musée s’assure que la diversité soit présente dans toutes les actions de son équipe. « Par exemple, nous avons reçu chez nous le premier recueil de contes Teko et Wayãpi de Guyane avec André Suitman, Breteau Jean-Baptiste et Renault Sakeu… Et, régulièrement, nous accueillons au sein du musée des personnes qui font partie de différents groupes culturels. Il y a quelques années de cela, nous avons eu une opération autour d’une coiffe wayana. Il y a eu des capitaines et des anciens qui sont venus avec des plus jeunes pour montrer une coiffe Olok, celle-ci est portée par les Wayanas lors des grandes fêtes. »
Le musée se déplace et va à la rencontre de l’autre ! « Régulièrement aussi, nous allons sur le terrain puisque nous avons des expositions temporaires qui sont proposés aux écoles. »