Mon CDJ du jour est 100.000 comme le nombre de pneus recyclés par Freetown Waste Management Recycle Limited depuis le début de son activité.
Cette entreprise du Nigéria fondée en 2018 collecte et recycle les vieux pneus pour les transformer en pavés, matelas, revêtements de sol, accessoires automobiles, aires de jeux pour enfants ou encore tapis de souris. Et dans un pays où Selon la Chambre de commerce et d’industrie d’Abuja (ACCI), 10 millions de pneus usagés viennent s’ajouter chaque année à ces décharges sauvages, la fondatrice de Freedom Waste Management Recycle Limited, Ifedolapo Runsewe entend bien surfer sur ce qu’elle considère comme le nouvel or noir du Nigéria.
Le Nigéria qui part ailleurs fait partie des pays africains riches puisque membre de l’OPEP, le Nigeria repose en grande partie sur l’industrie pétrolière et le gaz, qui représentent 10% de son PIB et 86% de ses exportations. Le pays disposerait de réserves de 36,9 millions de barils de pétrole et de 5,7 millions de mètres cube de gaz dans son sous-sol.
Mais il faut aussi dire qu’au Nigeria, les pneus usagés ne font l’objet d’aucune collecte et gisent souvent au milieu des villages. Faute de méthode d’élimination, les résidents les brûlent la nuit, ce qui engendre des problèmes de santé publique et de pollution. Et pour Ifedolapo Runsewe , il était important de créer quelque chose à partir de déchets qui autrement serait gaspillés. » Aujourd’hui, nous avons créé toute une chaîne de valeur autour des pneus. » explique t’elle fièrement.
L’entreprise emploie des collecteurs de rue qui récupèrent les vieux pneus dans les décharges et sont rémunérés 70 à 100 nairas par pneu [15 à 20 centimes d’euros]. Certains pneus sont également fournis directement par les mécaniciens, ravis de trouver une nouvelle source de revenus.
Le potentiel de cette industrie naissante est prometteur. En Europe, 50 millions de pneus usagés sont collectés et traités chaque année, et le marché annuel du recyclage des pneus est estimé à 2,33 milliards de dollars [2 milliards d’euros].
Elle devrait croître à un rythme annuel notoire d’ici 2035. Le procédé est en outre bien plus écologique, puisqu’il faut 4,35 tonnes de CO2 pour produire du caoutchouc naturel, contre seulement 97 kg de CO2 pour produire la même quantité de caoutchouc recyclé.
35% des pneus sont aujourd’hui recyclés en Europe et 35% sont utilisés pour la production d’énergie. C’est évidemment un marché de niche par rapport au pétrole, mais qui montre que le Nigeria détient aussi des ressources insoupçonnées et des entrepreneurs créatifs.
K.H