Le décès de Georges-Michel Karam le 28 septembre dernier a provoqué une onde de choc en Guyane. Le président du comité régional des pêches maritimes était une figure de proue de nombreux combats. Un homme qui s’est battu jusqu’au bout.
Le combat contre la maladie aura été son dernier. Georges-Michel Karam a été emporté par le cancer contre lequel il luttait en silence depuis quelques temps. Et pourtant jusqu’au bout, il est resté debout. Sans laisser présager de ce qui l’attendait, le patron des pêcheurs continuait à recevoir ses interlocuteurs, à se déplacer et à faire des propositions pour ses pairs. C’est la raison pour laquelle le président du comité régional des pêches Maritimes (CRPM) était bien présent à la table ronde du monde économique autour du ministre des outre-mer Sébastien Lecornu.
Un « étendard de la pêche guyanaise »
L’annonce de son décès est survenu le mercredi 29 septembre. Ce sont le député Lénaïck Adam et la sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth qui l’ont annoncé à travers des hommages appuyés relayé immédiatement par Mo News. L’onde de choc a été à la hauteur du personne : sans demi-mesure. Les hommages se sont poursuivis pendant près de 48 heures. Parmi les innombrables hommages, celui d’Annick Girardin, ministre de la mer et ancienne ministre des outre-mer, qui s’était rendu au port du Larivot en 2019 à l’invitation du président du CRPM. Annick Girardin a salué « l’étendard » qu’il était pour la pêche guyanaise. C’est auprès d’elle qu’il avait enclenché un profond travail en faveur de la formation pour les pêcheurs. Georges-Michel Karam était un homme de combat, mobilisé lors de la grogne contre les prix du carburants en 2008 et 2009 mais aussi contre la pêche illégale. Il plaisait aussi pour la refonte de la flotte guyanaise.
Un père de famille aussi
Un homme dont les coups de gueule resteront dans les mémoires. Sa cousine Carine Sinaï-Bossou parle de caractère bien trempé mais est particulièrement émue lorsqu’elle repense à sa dernière rencontre l’autre samedi « il m’a pris dans ses bras et m’a dit ne lâche rien ». Au delà de l’homme engagé, Georges-Michel Karam était aussi un père de famille comme l’ont rappelé Sophie Charles qui a eu une pensée particulière pour son fils Wender, figure associative, politique et sportive de Saint-Laurent, très investi notamment auprès des jeunes mais aussi ma sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth dont Natacha, la fille du célèbre pêcheur, a été pendant longtemps une proche et fidèle collaboratrice à son cabinet à la ville de Cayenne.
Le cauchemar de 2019
C’était aussi un homme qui a traversé des épreuves comme en 2019, lorsque la quasi totalité de son matériel de pêche lui a été volé à plusieurs reprises. Un préjudice financier mais aussi moral qui a durement affecté celui pour qui la mer était dans ses gênes. Un homme à terre qui n’a pas pu pêcher pendant plus d’un an. Et qui avait constaté aussi, avec amertume une certaine solitude dans l’épreuve. Car si aujourd’hui les hommages sont unanimes, ses prises de position tranchées lui ont parfois value d’être pas forcément ou systématiquement soutenu dans ses combats. Il avait d’ailleurs pris les reines du CRPM, 10 ans après avoir été poussé dehors en 2007 de la présidence qu’il occupait depuis 1987… Outre cet engagement dans les pêches, Georges-Michel Karam était aussi 3e vice-président du Ceser où il élargissait ses propositions sur une vision globale de l’économie et de l’environnement, qui lui tenaient aussi à cœur.
« quand je ne serai plus là »
C’est d’ailleurs tout le sens des propos de Georges-Michel Karam dans l’interview testament qu’il avait accordée début septembre à Mo News. Georges-Michel Karam nous avait ouvert, une dernière fois, les portes de son bureau. Le thème de cette rencontre concernait la pêche illégale : « il y en a comme jamais par le passé. Ce sont des centaines d’embarcations qui pillent notre réserve allieutique » nous indiquait t’il, se désolant de la faiblesse de la réponse apportée. « il faut leur tirer dessus car c’est la seule chose qu’ils comprennent » expliquait face caméra. Hors micro Georges-Michel Karam expliquait pourquoi il allait si fort dans son propos mais n’avait pas voulu polémiquer avec les services de l’Etat indiquant qu’un bateau de la force maritime avait été attaquée récemment par un navire de pêche étranger. Le président du CRPM jusqu’au bout a tenté de concilier les intérêts de la pêche et au delà de la Guyane, en insistant sur la nécessité de conserver le dialogue avec les autorités. Georges-Michel Karam s’était montré pessimiste : « Quand je ne serai plus là, qu’est ce que ça changera… » indiquait il en précisant : « Tant qu’on a pas pris la mesure des investissements à réaliser, humains et financiers et que la Guyane n’a pas pris conscience de la force qu’elle peut avoir avec la mer, tout cela ne restera que des paroles ». Gageons que l’ensemble des dizaines d’acteurs politiques, institutionnels et économiques qui ont chaleureusement salué le défunt, se souviendrons aussi du fond du propos de ce marin disparu…
Samir Mathieu
